Lettre n°30 de Reconstruire (novembre 2023) — « Questions de principe »
En mettant en avant le principe de subsidiarité, clairement formulé par Pie XI dans l’encyclique Quadragesimo anno, repris ensuite dans tout l’enseignement pontifical jusqu’à aujourd’hui, l’Église en a-t-elle fait un absolu ?
> Retrouvez la partie I
Saint Thomas d’Aquin, docteur commun de l’Église, apporte-t-il un éclairage sur le principe de subsidiarité ?
En tant que tel, saint Thomas d’Aquin n’évoque pas le principe de subsidiarité. Dans sa Somme contre les Gentils (III, 71, 4) il en donne cependant le fondement métaphysique :
« Un gouvernement est le meilleur quand sa providence respecte le mode propre des choses gouvernées : en cela, en effet, consiste la justice d’un régime. Donc, tout comme il serait contraire à la notion de régime humain que les hommes fussent empêchés d’agir selon leurs fonctions par le gouverneur de la cité – sinon peut-être momentanément, en raison de quelque nécessité –, de même il serait contre la notion du régime divin de ne pas permettre aux choses d’agir selon le mode de leur propre nature. »
Peut-on découpler le principe de subsidiarité du bien commun ?
Le principe de subsidiarité met en avant le respect de la sphère d’action des communautés intermédiaires et on l’a naturellement étendu au respect de l’initiative des individus. Il met aussi en avant la nécessité de l’intervention d’une autorité supérieure en cas de besoin, en fonction de certaines règles et dans une perspective clairement définie (aider et non se substituer). Selon le contexte historique, une priorité prend le pas sur l’autre, au risque de faire perdurer une interprétation incomplète. Une telle tendance aura d’autant plus la possibilité de se manifester si l’on isole le principe de subsidiarité du reste des principes régissant la vie sociale, et particulièrement de la primauté du bien commun.
Quel rapport faut-il entendre entre l’application du principe de subsidiarité et la poursuite du bien commun ?
Un rapport étroit et de subordination.…