L’expérience humaine montre que les défis successifs, que les hommes ont dû affronter au fil des siècles, ont toujours trouvé un dénouement heureux grâce à une rénovation de l’éducation. Pour ce qui concerne la révolution culturelle soixante-huitarde dans notre pays, le diagnostic de ses causes a été fait rapidement ainsi que le pronostic des effets déjà perceptibles ou clairement prévisibles. Quand j’ai écrit en 1988 Le Défi éducatif, finalement édité en 1989, j’avais pu confronter mon expérience à la lecture notamment d’Interminables adolescences de Tony Anatrella. Or je constatai, moi aussi, que les nouvelles générations regorÂgeaient toujours davantage de ces « adulescents » et qu’il deveÂnait plus difficile, pour les entreprises, de recruter des adultes matures.
La population dont le niveau d’études lui ouvre normalement de granÂdes chances d’occuper un poste de responsabilité était concernée, et les entreprises couraient un risque évident : celui d’être dirigées par des pantins à la botte des pouvoirs financiers. C’est la perception de ce risque qui m’a conduit à mettre entre parenthèses ma carrière en entreprise pour venir diriger une École d’ingénieurs et y développer la formation humaine des jeunes. Et c’est ce qui m’a amené, quand j’ai quitté cette École après onze années inoubliables, à créer une entreprise de conseil pour transmettre aux clients potentiels l’art et la manière de détecter et de former des hommes capables d’être de vrais chefs reconnus et estimés par leurs subordonnés. À l’opposé de ces « managers », dont l’avènement était annoncé par l’Américain James Burnham en 1941 et qui sont devenus « une classe cosmopolite de managers qui, souvent, ne répondent qu’aux indications des actionnaires de référence, constitués en général par des fonds anonymes qui fixent de fait leurs rémunérations », comme l’a écrit Benoît XVI dans Caritas in Veritate. En 1931, Pie XI dans Quadragesimo anno avait déjà dénoncé le « funeste et détestable impérialisme international de l’argent » et la déchéance du pouvoir politique « tombé au rang d’esclave » du pouvoir financier.
Une fédération de communautés de personnes
Le sous-titre de mon petit ouvrage, Le Défi éducatif, était « Famille, école, entreprise, même combat ». Car l’entreprise doit être une fédération de communautés de personnes à taille humaine, où coopèrent des personnes qui aiment chacune leur métier, où les responsables à tout niveau jouent un rôle éducatif. Les « managers » voulus par la finance…