Alors que certains catholiques, qui habituellement parlent haut et manient facilement l’anathème, restent étrangement silencieux, le livre de Chesterton édité par les Éditions de l’Homme Nouveau, Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste
, vient de prouver qu’il était, selon une formule bien contemporaine, « trans-courants ». Le même jour,
consacrait à ce livre une pleine page pendant que Mathieu Lindon, dans
Libération
, lui offrait les colonnes de sa rubrique.
Avec sa finesse habituelle, Philippe Barthelet a merveilleusement présenté Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste
, à ses lecteurs de
Valeurs actuelles
. N’hésitant pas à qualifier Chesterton de
« l’un des plus grands écrivains anglais de son siècle
», – et Barthelet sait de quoi il parle –, le chroniqueur écrit notamment :
« Quatre-vingts ans après qui l’a écrit, le Plaidoyer de Chesterton est d’une actualité douloureuse : la “crise” financière et économique où nous nous débattons a fait ressortir aux yeux les plus obstinément détournés l’aberration suicidaire d’un système à peu près fou, tenu par d’opiniâtres irresponsables (…). Sur les conditions d’une agriculture saine, sur le bluff de la publicité et la tyrannie du grand commerce (qu’on appellerait aujourd’hui “grande distribution”), ce livre, qui tombe à pic, est d’un intérêt jamais démenti ; peut-être parce que Chesterton parie sur l’intelligence de son lecteur… »
De son côté, Libération
n’est pas en reste. Loin de là ! Mathieu Lindon est un très bon connaisseur de Chesterton dont il parle souvent dans sa chronique littéraire. Mais cette fois, il y avait un vrai pari à lui envoyer le livre de Chesterton publié par nos éditions. D’abord, nous ne sommes ni Gallimard, ni Omnibus. Ensuite, ce livre n’est plus simplement un ouvrage de littérature « classique ». Beaucoup de critiques de Chesterton lui ont reproché justement ses idées politiques et économiques qu’il fait souvent passer dans ses romans. Là, nous sommes directement face à un recueil d’essais économiques, à un ouvrage de critique sociale, certes menée à la Chesterton, mais sans « l’excuse » littéraire. C’est dire la difficulté ! Il faut saluer l’honnêteté de Mathieu Lindon qui sous le titre « Chesterton, le détective de l’économie » présente longuement et avec sympathie le Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste. « Un essai, précise-t-il, dont le titre est fait pour plaire aux partisans d’Olivier Besancenot quoique l’éditeur soit plutôt un ferme soutien de Benoît XVI, mélange qui n’a rien d’étonnant quand il s’agit de Chesterton et de son original catholicisme ».
Offrant à ses lecteurs plusieurs passages du livre, Mathieu Lindon explique : « Le travail et le capital sont au cœur de Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, tentative de renversement de toutes les valeurs économiques à qui la crise actuelle donne une actualité quoique certaines des propositions de Chesterton aient souffert du passage du temps (le texte date de 1926). Mais le ton de l’écrivain est présent dans la moindre phrase. »
On peut l’ingralité de cet article sur le site de Libération en cliquant ICI
À l’heure où certains catholiques pensent encore être en avance parce qu’ils parlent d’écologie ou de décroissance, mais s’enferrent dans des catégories datant des années soixante-dix du siècle dernier (c’est tout dire !), continuant une guerre de tranchée sans voir que les lignes ont bougé sous le pontificat de Jean-Paul II et continuent davantage encore à le faire sous celui de Benoît XVI, force est de constater qu’ en-dehors ce type de crispation n’existe pas. Raison de plus d’aller respirer l’air du large…