Renaissance Catholique : un procès pour la liberté de l’Eglise

Publié le 21 Nov 2022
renaissance catholique

Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, Directeur général de Renaissance Catholique

 

Le 16 novembre dernier, vous avez été relaxé en appel face à trois associations LGBT. Quels sont les faits depuis 2019, date à laquelle vous avez été poursuivi ?

Les faits : a été publié sur notre site le 13 juin 2019 un article intitulé « L’Eglise du Dieu vivant : la colonne et l’appui de la vérité ». Un texte doctrinal de quatre pages, signé des cardinaux Burke et Pujats, et de trois évêques kazakhs, dont Mgr Schneider, et divisé en trois parties : la première sur le Credo, la deuxième sur la Loi de Dieu et la troisième sur les sacrements. Dans la partie sur la loi de Dieu, le passage suivant a été mis en cause par le lobby LGBT :

« Les autorités civiles ne doivent pas établir d´unions civiles ou légales entre deux personnes du même sexe, qui clairement imitent l´union du mariage, même si de telles unions ne reçoivent pas le nom de mariage, puisque de telles unions encourageraient le péché grave pour les personnes concernées et seraient cause d´un grave scandale pour d´autres ».

Il fait référence à un autre texte de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, datant du 3 juin 2003 et signé par le cardinal Ratzinger, qui rappelle que l’Eglise s’oppose aux unions civiles entre personnes de même sexe, puisqu’il s’agit d’une dissociation entre l’union et la procréation.

Par la suite, trois associations LGBT – Adheos, Stop Homophobie et Mousse – ont porté plainte contre nous auprès de la 17ème chambre correctionnelle (spécialisée dans les délits de presse), pour discrimination en raison de l’orientation sexuelle. Toute l’argumentation reposant sur le fait que par ce texte, vous inciteriez les officiers d’état civil, en particulier les maires, à la désobéissance à la loi en refusant de célébrer des mariages entre homosexuels, ce qui, en effet, est punissable par la loi.

Cependant, le tribunal nous a relaxé au nom de la liberté d’expression. Maître Triomphe, notre avocat, et moi avons répondu au deuxième élément mis en avant, en disant que le texte incriminé était simplement doctrinal, qu’il ne rentrait pas dans le détail de la manière d’agir des maires. Les cardinaux et évêques qui ont écrit ce texte n’avaient en effet pas du tout cela en tête. Cette argumentation a été retenue et validée en première instance.

Les associations ont néanmoins fait appel, sans vraiment changer d’argumentation, en insistant un peu plus sur l’appel à désobéir à la loi. Elles ont été déboutées le 16 novembre pour les mêmes raisons qu’en première instance. Le texte n’exhorte pas à la discrimination des personnes homosexuelles, il s’agit de l’enseignement de l’Eglise, dont l’expression est protégée par la liberté d’expression.

Quels sont les enjeux de ce procès ?

Je crois que c’est un procès très important pour la liberté de l’Eglise. En effet, Maître Triomphe soulignait que c’était le premier procès de ce type en France. La volonté des plaignants était qu’il fasse, si j’étais condamné, jurisprudence. Il deviendrait alors interdit pour l’Eglise, par écrit comme en sermon, de s’exprimer contre le mariage homosexuel.

En avez-vous terminé avec le lobby LGBT ?

Pour cette fois-ci oui, les associations ayant renoncé à se pourvoir en cassation. Mais il est certain que nous restons dans un processus de terrorisme intellectuel et de pression financière. En effet, le deuxième enjeu de ce procès était financier : un procès coûte 5000 euros. Or, ces associations qui ne représentent rien, vivent des fonds publics – parmi lesquels la Mairie de Paris et la région Ile-de-France. Ce sont des lobbies ultra-minoritaires qui essaient d’imposer leur vision des choses. Ils cherchent donc à nous intimider financièrement : sans gagner le procès, ils peuvent nous tuer en nous imposant des charges financières démesurées !

Je crois donc que ce procès – qui dépasse ma personne – est vraiment important. J’ai été très touché par les messages de ceux qui l’ont compris. Nos évêques pourraient se préoccuper de la liberté de l’Eglise. J’en avais sollicité une dizaine pour le second procès. Dom Louis-Marie, père abbé du Barroux, a répondu positivement immédiatement, c’est le seul. Mgr de Moulins-Beaufort avait refusé de témoigner en première instance, arguant du fait qu’il n’était pas là pour cautionner des associations qui chercheraient à se faire de la publicité par ce genre d’événement…

Dans le communiqué de Renaissance Catholique[1], vous précisez que vous avez confié cette relaxe à la protection de saint Charles Lwanga. Pourquoi ?

Nous avons choisi saint Charles Lwanga car le premier texte du cardinal Ratzinger dont je vous ai parlé était daté du « 3 juin 2003, en la fête de Saint Charles Lwanga et de ses compagnons ». Ce n’est pas un hasard. Charles Lwanga était le chef des pages du roi Mwanga II, qui ont refusé de répondre positivement aux sollicitations homosexuelles de ce dernier. Ils font partie des martyrs de l’Ouganda. A la fin du procès, pendant sa plaidoirie, Maître Deshoulières a tenté de nous faire pleurer sur le sort des homosexuels en Afrique. Notre choix est une forme de réponse…

Renaissance Catholique prépare son salon du livre annuel. Pourquoi avoir changé de lieu cette année ?

La raison est très simple : le lieu où nous menions depuis des années cet événement a été racheté par la FSSPX pour une école. Il n’accueille donc plus de réceptions.

Ce changement de lieu implique deux choses : d’abord, il est cette fois-ci accessible en transports en commun. Ensuite, il est beaucoup plus vaste. Nous avons donc proposé à un certain nombre d’associations – dont L’Homme Nouveau – d’y tenir un stand : nous avons besoin de faire venir du monde pour remplir nos frais, sans compter ceux du procès.

La formule a également un peu changé, nous commencions d’habitude par une messe. Mais le nouveau lieu étant tout près de Saint Louis de Port-Marly, nous donnons rendez-vous à partir du déjeuner. Nous aurons des conférences avec trois vedettes : Michel De Jaeghere, Jean-Christian Petitsfils et Philippe de Villiers, pour leurs livres respectifs La mélancolie d’Athéna, Le Saint Suaire de Turin et La Valse de l’adieu. D’autres vedettes seront présentes puisqu’en tout une centaine d’auteurs seront présents.

 

[1] Echec au lobby LGBT. Renaissance catholique relaxé en appel – Renaissance Catholique

 

A lire également : À quoi sert Renaissance catholique ? Notre entretien avec Jean-Pierre Maugendre – L’Homme Nouveau

Propos recueillis par Marguerite Aubry

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