La République universaliste contre la nation France

Publié le 26 Août 2024
république nation révolution

La République française, bâtie sur les ruines de la monarchie, procède d'un universalisme abstrait qui s’est retourné contre la nation elle-même.

L’ESSENTIEL | Après la trêve festive et estivale des Jeux olympiques de Paris, revient la question de l’avenir politique de la France dans la situation de blocage née du résultat des élections législatives. C’est aussi l’occasion de s’interroger sur ce que signifie la « République » dans le contexte de la modernité tardive.

  Les élections législatives qui ont plongé la France dans l’incertitude politique peuvent être perçues comme un ensemble de signes à interpréter. Il s’agit ici non pas de faire des pronostics ou des commentaires de politologie mais d’essayer, dans une démarche de philosophie politique éclairée par la foi chrétienne, de dégager le sens et les enjeux principaux de ce qui se passe en France depuis le début de juin.

La paralysie du système représentatif

Pierre Manent a développé dans Le Figaro (17 juillet 2024) la thèse selon laquelle ces élections manifestent la paralysie du dispositif représentatif. Ainsi comprend-il le fait que le RN, arrivé en tête aux élections européennes et au premier tour des législatives, perçu dans un premier temps comme pouvant obtenir une majorité, au moins relative, a fini en troisième position, après le Nouveau Front populaire et le parti présidentiel. Manent fait une rapide généalogie de la situation présente :

« La malédiction jetée contre ce parti maudit (le FN puis le RN) devint son talisman, tandis que son excommunication fut pour la classe politique une ressource de gouvernement et un moyen de contrôle social et moral dont elle usa et abusa d’une manière qui a profondément altéré la sincérité et la liberté de la conversation civique dans notre pays. »

C’est ce face-à-face entre l’autoproclamé « cercle de la raison » et ceux que celui-ci a exclus qui, selon Manent, finit par désactiver le mécanisme représentatif constitutif de notre régime politique. En effet,

« ne sont plus en présence deux partis représentant deux parties du corps politique, mais s’opposent les membres légitimes du corps civique et ceux qui en sont exclus. Ce n’est plus un débat dont l’enjeu est la définition de la chose commune, c’est la mise en évidence d’une séparation ontologique ou religieuse entre les élus et les réprouvés ».

Ainsi Manent interprète-t-il la réactivation efficace du fameux « front républicain » contre le Rassemblement national. Il s’agit alors de comprendre ce que dit de l’état de notre pays cette opposition entre…

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Thibaud Collin

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