Les fidèles catholiques orientaux vivant en territoires de rite latin ont vu interdire la présence de prêtres mariés ou l’ordination d’hommes mariés. L’Église a fini par assouplir la règle tout en continuant à valoriser le célibat sacerdotal.
Le 1er septembre dernier, Amar Agag, 38 ans, diacre marié, trois enfants, a été ordonné prêtre à Sarcelles par le patriarche de l’Église chaldéenne le cardinal Louis Raphaël Sako. Il est le premier prêtre chaldéen marié ordonné en France. Les médias chrétiens ont répercuté cet événement, qui a mobilisé la grande communauté chaldéenne de la région parisienne, forte de 15.000 fidèles. Puis, le 14 septembre, un diacre ukrainien marié (fils et petit-fils de prêtre), a été ordonné en la cathédrale ukrainienne de Paris. Auparavant, un maronite avait été ordonné en Anjou en 2016.
Pas de prêtres mariés dans la diaspora
Alors que les Églises orientales catholiques comptent beaucoup de prêtres mariés (dans des proportions variables), il leur était interdit jusqu’en 2014 d’en envoyer dans leurs diasporas, et il était donc également interdit aux évêques orientaux catholiques de la diaspora d’ordonner des hommes mariés. La question s’était posée en Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle, avec l’afflux de Ruthènes venus des confins de ce que sont aujourd’hui la Pologne, la Slovaquie, l’Ukraine et la Hongrie. Les évêques et les curés latins ont vu débarquer des communautés entières qui s’affirmaient catholiques mais dont les rites étaient byzantins et dont les prêtres étaient mariés, car dans les Églises slaves la plupart des prêtres de paroisse sont mariés (les célibataires sont les moines, parmi lesquels on choisit les évêques). Les évêques latins se plaignirent à Rome. Dès 1890 il fut interdit au clergé ruthène marié de résider aux États-Unis, mais cela fut peu appliqué et les prêtres pouvaient être domiciliés au Canada… Alors Rome prit des décrets drastiques en 1929 et 1930 : interdiction au clergé ruthène marié d’exercer un ministère en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Australie, interdiction d’admettre au séminaire et aux ordres des hommes mariés. Le résultat fut que, de l’aveu même de Rome, quelque 200.000 fidèles ruthènes passèrent à l’Église orthodoxe. Cette réglementation fut néanmoins étendue à tous les territoires qui ne sont pas les « régions orientales ».
Une Église grecque-catholique en Italie
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