Continuant ses catéchèses sur saint Joseph, le Pape aborde, lors de son audience générale du 1er décembre 2021, ce que l’on appelle le doute de saint Joseph.
Pour cela, il s’appuie sur le texte sacré, en l’occurrence saint Matthieu, qui est vraiment la Parole de Dieu et qui ne doit jamais être mise à pied d’égalité avec les évangiles apocryphes ou avec une quelconque révélation privée. La parole contenue dans la Bible donne l’essentiel de ce qui est nécessaire pour notre foi et notre salut, ce qu’il nous faut pour mener une vie chrétienne authentique. À travers deux expressions, le pape expose la nature du doute de saint Joseph, le juste, et du mariage virginal entre Joseph et Marie (Joseph fiancé à Marie – « Ne crains pas de prendre Marie ton épouse »).
Saint Joseph, s’apercevant que son épouse était enceinte, s’inquiète, plutôt que se trouble, devant la conduite à tenir devant Marie. Quelle est la nature de ce trouble ou de cette inquiétude ? Il faut d’abord exclure l’idée d’un adultère, hélas trop souvent prônée par des exégètes. Ce serait faire injure à la pureté de Marie dont Joseph n’a jamais douté. Le mystère de la Visitation éclaire ce doute, dans la ligne de l’interprétation de saint Jérôme. Saint Joseph ne douta jamais de la virginité perpétuelle de son épouse, elle qui venait d’être appelée par sa cousine « Bénie entre toutes les femmes ». En conséquence, il n’a jamais douté que le Fils que portait Marie était le « Fils du Très Haut ». Sinon, l’évangéliste ne l’aurait pas appelé « Juste ». Saint Joseph n’a pas non plus douté, me semble-t-il, que l’enfant soit le Messie né de Dieu. Son doute portait plutôt sur le fait de savoir s’il pouvait continuer à garder Marie pour épouse. Deux raisons semblaient devoir s’y opposer. Tout d’abord, pouvait-il en stricte justice faire croire à son entourage que l’enfant était de lui ? D’autre part, pouvait-il, également au nom de la justice, exercer un droit de paternité humaine à l’égard de l’enfant qui allait naître et dont l’identité demeurait certaine pour Joseph : il était bien le Messie. Son humilité, sa sainteté ne pouvaient le supporter. Mais le juste Joseph se confia à Dieu, pria, comme un pauvre de Yahvé. La réponse divine se confinant dans le silence, il songea alors à répudier Marie, dans le secret, respectant tout à la fois le silence de Dieu et le mystère adorable qu’il adorait en Marie et s’en remettant à la divine Providence pour l’avenir de sa si chaste épouse, dont il se jugeait désormais indigne. Saint Joseph s’effaçait ainsi devant Dieu qui éprouvait sa foi, comme jadis il l’avait fait pour Abraham. N’ayant point chuté, mais ayant cru contre toute espérance, il mérita alors d’être consolé par l’ange et de devenir le père virginal de Jésus, dans la foi.
Le projet de Joseph comme d’ailleurs celui de Marie n’était peut-être pas dans leur pensée ni dans leur rêve celui que Dieu voulait pour eux, celui-ci s’insérant à l’improviste dans leur vie. Très souvent, pour nous aussi, notre vie n’est pas celle que nous imaginions au début. Les époux éprouvent souvent des difficultés pour passer des relations simplement affectives à l’amour mature et véritable. Le Pape donne alors des consignes paternelles et judicieuses pour que les mariages ne cassent pas, mais bien au contraire se renforcent dans l’amour, car aimer véritablement, c’est choisir en toute liberté d’assumer la vie commune telle que Dieu la veut pour chacun des deux époux. A l’amour romantique des fiançailles doit succéder l’amour vrai qui pardonne. Il peut y avoir des explosions au cours de la journée, mais les époux ne doivent pas s’endormir sans s’être pardonnés.