Saint Martin, 3 ou 4 choses à savoir sur ce modèle pour les évêques d’aujourd’hui

Publié le 11 Nov 2022
Saint Martin, partageant son manteau

Saint Martin est un homme qui vécut au IV siècle. Né en 317, mort en 397, ce converti devint évêque de Tours en 371. Peut-il servir de modèle à nos évêques alors que son époque paraît si éloignée de la nôtre ?

Quelle ressemblance possible, en effet, entre saint Martin, un homme qui servit d’abord dans les armées romaines avant de servir le Christ et nos pasteurs d’aujourd’hui ? Pas d’Internet alors, pas de réseaux sociaux, pas de pression médiatique, mais un monde pourtant qui présentait des charmes et des facilités.

1°– Saint Martin, homme de prière

Réfugié auprès de saint Hilaire, confronté au diable et aux brigands,  saint Martin fait le choix de la solitude et devient ermite. À la mort de l’évêque de Tours, le peuple chrétien le réclame et, devant son refus, l’enlève pour le placer de force sur le siège épiscopal.

2°– Saint Martin, modèle des évêques fidèles à la sainte doctrine

La réponse se trouve dans les lectures proposées pour sa fête dans l’ancien bréviaire à l’office de Mâtines. La deuxième et troisième leçons sont tirées de l’épître de saint Paul à Tite :

Il faut que l’évêque soit irréprochable, comme étant l’intendant de Dieu ; pas orgueilleux, ni colérique, ni adonné au vin, ni prompt à frapper, ni porté à un gain honteux, mais hospitalier, affable, sobre, juste, saint, tempérant, fortement attaché à la parole authentique, telle qu’elle a été enseignée, afin qu’il soit capable d’exhorter selon la saine doctrine, et de confondre ceux qui la contredisent. Car il y en a beaucoup, surtout parmi ceux de la circoncision, qui sont insoumis, vains parleurs, et séducteurs des âmes, auxquels il faut fermer la bouche, car ils bouleversent des maisons entières, enseignant ce qu’il ne faut pas, en vue d’un gain honteux.

Pour toi, enseigne ce qui convient à la saine doctrine : aux vieillards à être sobres, pudiques, sages, sains dans la foi, dans la charité, dans la patience ; pareillement, aux femmes âgées, à avoir une sainte modestie dans leur tenue, à n’être pas médisantes, pas adonnées aux excès du vin, à bien instruire, pour enseigner la sagesse aux jeunes femmes, leur apprenant à aimer leurs maris, à chérir leurs enfants, à être sages, chastes, sobres, appliquées au soin de leur maison, bonnes, soumises à leurs maris, afin que la parole de Dieu ne soit pas décriée. Exhorte pareillement les jeunes hommes à être sobres. En toutes choses montre-toi toi-même un modèle de bonnes œuvres, dans la doctrine, dans l’intégrité, dans la gravité ; que la parole soit saine, irrépréhensible, afin que l’adversaire soit confondu, n’ayant aucun mal à dire de vous.

3°– Saint Martin, homme de paix

Le nouvel office, issu de la réforme liturgique, propose pour l’Office des lectures de la fête de saint Martin un texte de Sulpice Sévère qui s’attache à sa mort que nous fêtons ce 11 novembre. Un extrait portant sur les ultimes moments du saint dresse un portrait de ce que doit être un évêque, conscient notamment des attaques du démon, et éloigné de toute mondanité :

Après avoir rétabli la paix entre les clercs, alors qu’il projetait de rentrer au monastère, il sentit brusquement que ses forces l’abandonnaient. Il convoqua les frères et leur annonça qu’il allait les quitter. Alors tous furent accablés par la tristesse et la peine et se lamentèrent d’une seule voix « Père, pourquoi nous abandonnes-tu ? À qui nous laisses-tu en faisant de nous des orphelins ? Des loups voraces vont assaillir ton troupeau. Maintenant que le pasteur est frappé, qui va nous défendre de leurs morsures ? Nous savons que tu désires rejoindre le Christ, mais tu es sûr de ta récompense et un peu de délai ne la diminuera pas. Aie plutôt pitié de nous que tu abandonnes. »

Il fut ému par ces larmes, car il avait toujours été uni au Seigneur par une très tendre miséricorde, et l’on rapporte qu’il pleura ; mais, tourné vers le Seigneur, il ne répondit à ceux qui pleuraient que cette seule parole : « Seigneur si je suis encore nécessaire à ton peuple, je ne refuse pas le travail. Que ta volonté soit faite. »

Quel homme au-dessus de tout éloge ! Il n’était pas vaincu par le travail, mais il ne serait pas vaincu par la mort, car il ne penchait davantage ni d’un côté ni de l’autre : il ne craignait pas de mourir, et il ne refusait pas de vivre ! il gardait les yeux et les mains levés vers le ciel, et ne permettait pas à son esprit héroïque d’abandonner la prière. Et comme les prêtres réunis autour de lui le priaient de soulager son corps en le changeant de côté : « Laissez-moi, mes frères, disait-il, laissez-moi regarder le ciel plutôt que la terre, afin que mon esprit s’oriente vers le chemin qu’il va prendre pour rejoindre le Seigneur. » Après avoir parlé ainsi, il vit que le démon se tenait près de lui : « Pourquoi restes-tu là, bête cruelle ? Tu ne peux rien attendre de moi, maudit ; le sein d’Abraham va me recevoir. »

En disant cette parole, il rendit au ciel son esprit. Plein de joie, Martin est accueilli dans le sein d’Abraham, l’humble et pauvre Martin entre au ciel comblé de richesses.

4°– Saint Martin, serviteur du Christ Roi

Dans son Année liturgique, dom Guéranger apporte encore quelques précisions sur la mission de saint Martin :

la mission de Martin fut d’achever la déroute du paganisme, chassé des villes par les Martyrs, mais jusqu’à lui resté maître des vastes territoires où ne pénétrait pas l’influence des cités.

Aussi, à l’encontre des divines complaisances, quelle haine n’essuya-t-il point de la part de l’enfer ! Dès le début, Satan et Martin s’étaient rencontrés : « Tu me trouveras partout sur ta route, » avait dit Satan ; et il tint parole. Il l’a tenue jusqu’à nos jours : de siècle en siècle, accumulant les ruines sur le glorieux tombeau qui attirait vers Tours le monde entier ; dans le XVIe, livrant aux flammes, par la main des huguenots, les restes vénérés du protecteur de la France ; au XIXe enfin, amenant des hommes à ce degré de folie que de détruire eux-mêmes, en pleine paix, la splendide basilique qui faisait la richesse et l’honneur de leur ville.

Reconnaissance du Christ roi, rage de Satan, se révélant à de tels signes, nous disent assez les incomparables travaux du Pontife apôtre et moine que fut saint Martin.

 

À l’heure où l’Église de France est traversée par une crise profonde, loin de la pureté des mœurs et de la doctrine, saint Martin reste un modèle à prier pour la grande purification nécessaire.

Stéphen Vallet

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