Sapeur Pontife

Publié le 04 Avr 2018
Sapeur Pontife L'Homme Nouveau

Tout jeune, fortement impressionné par le métier des armes, j’avais été particulièrement intrigué par le curieux métier de sapeur. Soldat de l’arme du génie, ces spécialistes utilisent leur art pour créer une brèche dans une forteresse et ainsi faciliter l’invasion en rendant la stratégie de défense inopérante. Posté sur les murailles, le devoir de la sentinelle est de vérifier si on ne trouverait pas quelque trace de travaux sous-terrain potentiels. Et si c’était le cas, d’avertir la garde.

On entend souvent dire qu’il est plus facile de détruire que de bâtir. Si la maxime est habituellement vraie, il n’en demeure pas moins que le niveau de difficulté sera directement proportionnel à la solidité de l’édifice visé. Plus l’ouvrage à détruire sera fortifié et défendu, plus les moyens devront être sophistiqués, subtils, efficaces. 

Demandez au loup, il vous le confirmera…. Souffler la maison de paille, c’était facile… Mais la maison de briques, beaucoup moins…On ne s’improvise pas destructeur de citadelle. On conseillera aux loups débutants, alléchés par les promesses de bacon intramuros, de lire Don Quichotte de Cervantes, L’Art de la Guerre de Sun Tzu et Amoris Laetitia de source incongrue.

Une citadelle sous attaque

L’Église catholique est un magnifique château fort. Construit selon les plans de l’Architecte céleste, les murailles de Pierre sont d’abord faites de doctrine, c’est à dire de bloc logos cimentés par des arguments logiques. Le tout constitue une imparable défense, une citadelle imprenable.

Dire qu’une citadelle est imprenable, ce n’est certes pas garantir sa quiétude. Bien au contraire! Aussi, l’Église est-Elle l’objet de vagues ininterrompues d’attaques temporelles et spirituelles qui n’ont réussi qu’à ennoblir ses pierres et à solidifier un mortier désormais imbibé du sang des martyrs. Il est vrai que la plupart des habitants de cette cité sont de redoutables crétins (dont je suis, hélas) qui semblent s’évertuer à rogner l’enceinte de l’intérieur. Mais, le maitre veille et, à chaque génération, une nouvelle rangée de pierres s’ajoute, nouveaux joyaux, tirés d’une carrière qui semble inépuisable et qui rajeunit sans cesse des murs dont l’épaisseur trahit les ans. 

L’homme déchu trouve dans la lourde harmonie des murailles une sorte d’appel téméraire et viscéral lui faisant battre le tambour de la folie. 

Si Vauban introduisit les sapeurs dans l’armée française au XVIIe siècle, Satan, de son côté, planche sur le concept depuis déjà un bail. Plus génial que l’architecte du Roi Soleil, le prince des Ténèbres avait déjà installé ses « Lumières », à l’intérieur de l’Église, pour faciliter le travail à des vagues de termites modernistes, grugeant goulument la balustrade.

Travaillant à leur rythme avec l’appui généralisé des habitants, les sapeurs intra-muros ont été méthodiques. Il fallait en effet ébranler la pierre d’angle, celle sur laquelle tout l’édifice tenait. Le nouveau missel promulgué, tout était en place, moyennant le bon moment.

Le démoniaque stratagème fonctionne à peu près comme suit. D’abord, semer l’idée que le dogme puisse, à l’image des sciences expérimentales, évoluer selon les circonstances. Ce fut le modernisme. Deuxio, affaiblir la résistance en admettant que la vraie Religion pouvait être contenue, au moins en partie, dans les autres. Ce fut le dialogue interreligieux. Puis, finalement, détourner l’attention des fidèles en assurant que l’exercice le plus solennel de la vertu de la Religion, à savoir la liturgie, soit orienté vers l’homme plutôt que vers Dieu.

Reste seulement à creuser en s’assurant que tous ceux qui soupçonnent la sape puissent être accusés d’être de méchants complotistes. 

Le Tunnel d’Amoris Laetitia ou la joie de la sape

Pour faire tomber une muraille, il suffit de creuser, sous la terre, tout en bas, un passage. Pour faire tomber la doctrine, il suffit de placer, sous le texte, tout en bas, une note de bas de page. 

La petite note de bas de page numéro 351 d’Amoris Laetitia est une sape magistrale dont l’objet n’a rien à voir avec le mariage. Vous en doutez ? En fait, il s’agit d’une réponse contradictoire à un faux problème qui n’existe pas et ne peut même pas exister. C’est à peu près comme si on inventait un puissant somnifère pour réveiller les yétis narcoleptiques. 

Commençons par le problème qui n’existe pas. Premièrement, quelle est la population touchée ? Prenez la population du monde et retranchez ceux qui ne sont pas catholiques. Des catholiques, on ne garde que ceux qui sont pratiquants. Des catholiques pratiquants, on ne prend que ceux qui sont divorcés. De ceux-ci, on doit restreindre le cercle à ceux qui sont dans une 2e union et qui continuent à pratiquer. De ceux-ci, on ne garde que ceux qui sont encore en âge de… Bon, on s’entend que la population cible n’est pas très volumineuse… N’est-ce pas ?

Bon, de ceux-ci, à savoir les cathos-pratiquants-mariés-divorcés-pseudoremariés-potent (les CPMDPP) on ne doit retenir que ceux à qui on aurait refusé la communion du fait de leur situation irrégulière. Reste-t-il sérieusement quelqu’un dans la salle ? Quelqu’un ? Répondez ? 

Mais c’est n’est pas tout… S’il reste quelques curieux spécimens, ils sont accompagnés de ceux qui, par l’excès d’une conscience délicate, se retiennent d’aller communier parce qu’ils savent que pareil comportement serait une offense au Bon Dieu ! 

Chers habitants potentiels, mais peu probables de ce cercle extrêmement réduit, pourriez-vous m’expliquer pourquoi vous êtes réticents à communier et si attachés à obéir à la discipline eucharistique de l’Église alors qu’à tous les jours vous bafouez les règles divines ? On pourrait vous comparer – si vous existiez (bien évidemment) – à quelqu’un qui n’oserait jamais cracher sur un crucifix mais qui n’aurait aucun problème, par ailleurs, à en piétiner un.

En fait, soyons honnêtes, il n’y a aucun cas de CPMDPP à qui s’appliquent ces supposés règles. Et de toute façon, elles ne veulent rien dire. Comment un cheminement personnel accompagné (blablabla) peut modifier une situation objectivement déréglée. Bref, si le Pape a écrit à Maurice et à Laetitia (sic) et que Maurice est bien content de Laetitia (plus jeune et fort plus jolie) leur discernement personnel ne change rien au sort ignoble réservé à Ginette, la vraie femme de Maurice. Ni au fait que Maurice et Laetitia offensent Dieu, objectivement, mortellement, peu importe l’état de leur conscience dévoyée.

Une grande gorgée de réalisme tout le monde… 

Ouvrons les yeux. La raison de la note est ailleurs. Si on permet une brèche en admettant qu’il y ait des circonstances où quelqu’un peut commettre des péchés mortels tout en n’en commentant pas, on perce, pour de bon, le mur de la doctrine morale. C’est la fin du concept même de péché mortel, de péché tout court d’ailleurs, car il y aura toujours un chemin potentiel de réconciliation, des circonstances particulières de conscience, etc… 

D’ailleurs, les sapeurs ne se cachent même plus. Citons en exemple le Cardinal Reinhard Marx, un proche du St-Père, qui a récemment proposé un rite de bénédiction des unions homosexuelles en utilisant des arguments tirés des raisonnements à ceux d’Amoris Laetitia. En entrant dans ce monde ou le réel doit toujours être supprimé au nom du fantasme accommodant, on en finit par redéfinir le monde de A à Z pour un monde de Z à A ou zébre peut aussi s’écrire aligator. C’est la chute du réalisme vers l’idéalisme. Pourrait-on se surprendre des propos de Mgr. Marcelo Sanchez Sorondo, un autre évêque argentin, qui a récemment déclaré que le régime chinois était la plus parfaite mise en œuvre de la doctrine sociale de l’Église. Pourquoi pas !

Voilà le genre d’arguments qui ne peut exister que dans une Église Kantienne, célébrant la Réforme, Luther et le Communisme, qui n’a plus que l’apparence de la catholicité. Les loups sont dans la bergerie, ils ont même osé enlevé leur déguisement… De temps en temps, ils bêlent, traditions obligent. 

Notre Seigneur nous l’avait prédit… « …(quand) le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ?  » (Luc, 18,8).

Vous ne passerez pas

Que doit faire une sentinelle qui repère l’ouvrage des sapeurs ? Il faut sonner l’alarme. Parler à temps et à contre temps. Ceci dit, préparez-vous ! Vous serez considéré comme un paria. Votre gentil curé (beau spécimen de la famille des invertébrés) vous accusera d’être un sedevacantiste et consacrera la moitié de ses prêches à convaincre ses ouailles que tout va bien mesdames les marquises1. Et si vous osez en parler à votre évêque, gageons que vous risquez de le découvrir sur un jour un peu moins mièvre qu’à l’habitude. Et oui, même un évêque cuicui contemporain peut se mettre à hurler. Essayez, c’est gratuit !

Récemment, le courageux prélat, auteur de plusieurs beaux livres, Mgr. Athanasius Schneider, rappelait le devoir des laïcs d’exiger des clarifications face à une confusion généralisée. En effet chers amis, ce ne sont ni les loups, ni les mollusques, ni les cuicuis qui nous jugerons à la fin des temps, mais bien le Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’Univers. Celui qui a dit « Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » (Mathieu 10:22)

Non, vous ne passerez pas comme disait le soldat belge de la chanson.  C’est la cause de la Vérité et de l’Église.

Non, vous ne passerez jamais !

1. Si vous voulez sérieusement vous amuser, demander à vos contradicteurs pourquoi St-Paul a corrigé St-Pierre? Il était sédévacantiste lui aussi?

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