« C’est peut-être la pire crise que l’Église aux États-Unis ait jamais traversée », estime le cardinal Raymond Burke. L’homosexualité entre clercs a infesté l’épiscopat américain et étendu ses tentacules dans beaucoup de séminaires.
Perversion sacrilège, dissimulation massive, victimes par milliers, confiance en lambeaux. Et crimes à punir, car la justice s’en mêle.
[ Extrait de l’enquête de notre correspondante aux États-Unis, Armelle Signargout, qui sera disponible en intégralité dans notre numéro 1669 daté du 1er septembre prochain. ]
La nausée a commencé avec la chute d’un des plus éminents prélats américains, l’ex-archevêque de la capitale des États-Unis, Theodore McCarrick, 88 ans, qui a démissionné fin juillet du collège des cardinaux. L’une de ses premières victimes fut un garçon qu’il avait baptisé de ses mains juste après son ordination. « Uncle Ted » en aurait agressé beaucoup d’autres au fil des décennies : des mineurs, mais aussi quantité de prêtres et de séminaristes, ses « neveux », qu’il invitait dans une villa sur la côte du New Jersey. Les preuves paraissent accablantes. De nombreux évêques ont côtoyé ce prédateur sexuel au fil de sa prestigieuse carrière. Lesquels savaient ? Donald Wuerl, 77 ans, son successeur à Washington, n’en mène pas large. Il vient de renoncer à participer à Dublin à la Rencontre Mondiale des Familles et la publication de son dernier livre est suspendue. Wuerl, qui fut évêque de Pittsburgh, en Pennsylvanie, pendant dix-huit ans, est cité 200 fois dans un document de 884 pages du Grand Jury de cet État. La bombe est tombée le 14 août : le ministre de la Justice local annonça que plus de 300 prêtres y étaient accusés de viols et autres crimes sexuels perpétrés en 70 ans sur plus de mille victimes. Les informations contenues dans ce dossier ont été obtenues en fouillant les « archives secrètes » de l’évêché. Aux enfants de chœur « mûrs » pour l’indicible, on offrait une croix en or qui servait de feu vert pour les agresseurs suivants, tous en col romain. Combien d’autres diocèses abritent-ils ce genre de dynamite ? Plusieurs États, dont New York, s’apprêtent à lancer à leur tour une enquête. (…)
En 2002, déjà, un scandale sexuel majeur avait éclaté aux États-Unis. Les évêques, comme cette fois-ci, s’étaient déclarés unanimement « attristés et choqués ». Puis leur conférence épiscopale avait mis en place un système pour écarter tout prêtre soupçonné d’agissements suspects avec un mineur. Les victimes furent dédommagées : en tout, plus de 4 milliards (!) de dollars pour réparer l’aveuglement des bergers de leurs âmes. On fit mine d’éradiquer de l’Église les pédophiles. Mais, malgré deux rapports indépendants (2004, 2011) montrant que dans 80 % des cas, les victimes étaient des adolescents mâles et non des enfants, rien ne fut mis en place pour écarter les prêtres pédérastes, coupables d’« inceste spirituel » auprès d’autres hommes de Dieu. Et encore moins pour incriminer les évêques qui auraient fait partie eux-mêmes du « lobby gay » ou auraient fermé les yeux pour verrouiller l’omerta. Exemple le plus criant : le cardinal Kevin Farrell, qui a partagé pendant six ans l’appartement de McCarrick. Il n’a rien vu, dit-il. Les autres non plus.
Les laïcs américains sont partagés entre la consternation et la fureur. Ils se sentent, à juste titre, trahis. (…) Les bons évêques souffrent. « Il est temps d’admettre qu’il y a, à l’intérieur de la hiérarchie de l’Église, une sous-culture homosexuelle qui cause une grande dévastation dans le vignoble du Seigneur », écrit Mgr Robert Morlino, l’évêque de Madison (Wisconsin), dans une lettre courageuse à ses ouailles. Ce dont l’Église a besoin maintenant, c’est « davantage de haine contre le péché », explique-t-il, avouant qu’il a failli céder au désespoir devant cette vague d’ignominie. (…) Une vaste campagne orchestrée par Church Militant et le Lepanto Institute vise à priver de fonds les diocèses tant qu’une enquête sérieuse menée par des laïcs indépendants n’aura pas eu lieu : plus un sou aux évêques. Une grande manif (Stop Silence Now) est prévue à l’occasion de leur réunion annuelle en novembre à Baltimore. (…) Une neuvaine de Rosaires encercle la nation du 15 août au 7 octobre.