Le 29è congrès de la Société Française d’Accompagnement des Soins Paliatifs (SFAP) a lieu ces 14, 15 et 16 juin, à la cité des Congrès de Nantes. Comme chaque année, cette association réunie plus de 1 500 invités pour réfléchir sur un sujet autour des soins palliatifs.
Ce mercredi 14 juin, 2 600 personnes sont réunies pour écouter le discours de lancement de la 29e édition du congrès de la SFAP, à Nantes. « Nous n’avons jamais été aussi nombreux », affirme Claire Fourcade, présidente de l’association. Depuis 2002, la Société Française des Soins Palliatifs organise un congrès annuel pour discuter autour de la question de la médecine palliative. Créée en 1990, cette société a pour but de « sensibiliser et mobiliser tous les publics, pour diffuser la culture des soins palliatifs ».
Derrière sa bannière « accompagner et soigner ensemble », cette association reconnue d’utilité publique en 2008 organise ainsi des réunions, formations et activités tout au long de l’année afin de faire découvrir ces mesures d’accompagnement de la fin de vie.
Ainsi, chaque année, un congrès est organisé. Après Valenciennes et Bordeaux, les membres de la SFAP se retrouvent à Nantes pour réfléchir sur un thème particulier : « Rencontres et Dialogues ».
Il semblait évident que le sujet choisi aurait été l’euthanasie. En 2004, la SFAP avait intitulé son congrès « l’euthanasie et la mort désirée : question pour la société et la pratique des soins paliatifs ». Cette réflexion coïncidait avec le projet de loi présenté par le député Jean Leonetti au sujet de la fin de vie. Aujourd’hui, la réforme de cette loi est en réflexion à l’Assemblée. Le 9 décembre 2022, Emmanuel Macron avait mis en place une convention citoyenne pour la fin de vie pour réfléchir sur l’accompagnement de la fin de vie. Le 14 février dernier, Claire Fourcade, avait affirmé devant cette convention que « pour nous soignants, donner la mort ne fait pas partie des soins ».
Elle affirmait également qu’« actuellement, en soins palliatifs, ce dont on manque, ce n’est pas de lois, c’est de moyens ». La SFAP est donc au centre de cette réflexion sur la fin de vie, et a un avis bien tranché sur le sujet : le 16 février, elle posait un avis éthique signé par 13 organisations représentant 800 000 soignants et affirmant que « l’euthanasie et le suicide assisté ne peuvent pas être considérés comme des soins ».
Or, le 3 avril dernier, la convention citoyenne pour la fin de vie avait finalement donné un avis positif pour la réforme du cadre d’accompagnement de la fin de vie, une porte ouverte pour la légalisation du suicide assisté. Il semblait donc évident que le 29e congrès de la SFAP parle de ce sujet.
Claire Fourcade rappelait dans son discours d’introduction : « Il ne serait pas éthique d’envisager une évolution du cadre législatif de la fin de vie si les mesures de santé publique demandées dans le domaine des soins palliatifs ne sont pas prises en compte ». La réflexion aurait donc pu porter sur la place des soins palliatifs dans la question de la fin de vie.
Le thème de ce congrès est pourtant bien différent. Dans le mot d’introduction présentant l’évènement, les organisateurs, Les docteurs Diane Constant-David, Adrien Evin et Isabelle Colombet, accompagnés par Rodolphe Moucquet, directeur des réseaux de soins palliatifs, expliquent leur choix : « la pandémie […] aura manifesté la difficulté du dialogue dans la pratique comme dans la recherche, entre une conception strictement biomédicale du soin et une conception élargie au champ psycho-social ». La SFAP estime alors qu’il faut réfléchir de nouveau sur la question des relations entre personnes : « comment accompagner l’autre vers sa mort sans le rencontrer, ni échanger avec lui ? ». Pour les organisateurs du congrès, « les soins palliatifs ont vocation à susciter l’ouverture ».
Ils concluent dans leur éditorial que « Cette rencontre et ce dialogue supposent une connaissance de soi et une ouverture à l’autre dans la confiance et la bienveillance. Au-delà de notre pratique au quotidien, ce mouvement est à porter dans l’organisation des soins et de la cité, comme dans nos activités de recherche et de formation ». Ce congrès a donc pour but d’inviter à retrouver le sens de la relation personnelle, dans le cadre des soins palliatifs.