Le 1er janvier, le père Spadaro prendra sa nouvelle charge de sous-secrétaire du Dicastère pour la Culture et l’Éducation. Un des membres de la garde rapprochée du pape, le jésuite de 57 ans quitte, par la même occasion, la direction de la revue La Civiltà Cattolica, qu’il occupait depuis douze ans. Des commentateurs ont tout de suite émis l’hypothèse qu’il était disgracié. Cela semble peu probable.
Le père Spadaro est un littéraire devenu jésuite. Il a achevé ses études à Chicago et connaît à merveille la littérature contemporaine italienne et américaine, traite avec aisance de musique et d’art contemporains comme de cinéma. Il a lancé un projet culturel, BombaCarta, qui promeut des initiatives d’écriture créative et de production vidéo.
Le communicant du pape
Le père Spadaro est surtout un spécialiste de communication, qu’il considère comme largement politique, qu’il a étudiée et qu’il enseigne au Centre interdisciplinaire de communication sociale de l’Université grégorienne. Il s’intéresse en spécialiste aux nouvelles technologies de communication et à leur influence sociale… et spirituelle : il inspire la réflexion de gestionnaires qui font concorder spiritualité et innovation technologique. C’est un virtuose de l’animation des sites Internet : outre un site personnel, il anime un blog consacré à la cyberthéologie et un autre dédié à la romancière américaine Flannery O’Connor. Ce personnage brillant est devenu en 2009, sous Benoît XVI, directeur de La Civilità Cattolica, revue jésuite mensuelle installée dans la romantique villa Malta, sur les hauteurs du Pincio, qui est un organe officieux de la Secrétairerie d’État. Chaque article de la revue est soigneusement examiné par des responsables de cette institution. Mais cette supervision est purement formelle, dès lors que la revue est sous la houlette d’un homme aussi influent que Spadaro. Il l’est devenu dès l’élection du pape François, organisant en septembre 2013 un entretien de 30 pages publié simultanément dans les revues culturelles jésuites de seize pays d’Europe et d’Amérique, qui fit grand bruit et qui avait valeur d’encyclique informelle d’ouverture du pontificat. Le thème principal concernait un assouplissement de la morale au nom de la miséricorde, notamment vis-à-vis des personnes divorcées « remariées » et des personnes homosexuelles. L’importance prise dès lors par la communication dans le pontificat fut manifestée par la création d’un Dicastère pour la Communication en 2015, dont le préfet est actuellement un laïc et où Spadaro est comme chez lui. Paolo…