Sur les pas de Dante

Publié le 14 Sep 2021
Sur les pas de Dante L'Homme Nouveau

À l’occasion de l’anniversaire du décès de Dante Alighieri (14 septembre 1321), petite promenade sur ses pas…

Inutile de se leurrer … Vouloir se promener sur les pas de Dante relève pour une bonne part de l’illusion et réclame une forte dose d’imagination tant les lieux ont changé. Cette évidence n’empêche pas les offices de tourisme, et ce depuis longtemps, d’entraîner les visiteurs vers d’improbables escales. Après tout, pourquoi pas ?
Au numéro 1 de la via Santa Margherita à Florence, se dresse fièrement une maison que l’on vous vend sans scrupule comme celle où le poète vit le jour en mai 1265 et qui abrite le Musée Dante. En réalité, cette bâtisse, reproduction d’ailleurs fidèle d’une demeure bourgeoise du XIIIe siècle, a été construite en 1910 et inaugurée l’année suivante, à l’emplacement supposé de celle des Alighieri. Le musée présente une reconstitution soignée d’un intérieur florentin médiéval et de riches collections iconographiques évoquant l’œuvre du poète.
À quelques pas de là, et sans vergogne, la petite église Santa Margherita invite les visiteurs à se recueillir sur la tombe de Beatrice Portinari, prétendument enterrée ici en 1290 par son époux, Simone de Bardi. Hélas, là encore, tout est faux et  jamais Beatrice n’a reposé dans ce tombeau de fantaisie …
Alors, hormis ces inventions, où peut-on évoquer la mémoire de Dante dans sa ville natale ? Tout d’abord au baptistère San Giovanni, « mon beau San Giovanni » l’appelait-il, exilé, avec nostalgie. Si le Duomo florentin n’existait pas encore du vivant du poète, le baptistère reste presque semblable à ce qu’il était quand le fils des Alighieri fut porté sur ses fonts, comme tous les enfants de la ville. Les dantologues soutiennent que ses fresques de l’enfer ont eu un fort impact sur l’imaginaire de l’enfant. Quant à l’escalier du Purgatoire, il devrait beaucoup à celui, fort raide, menant à San Miniato del Monte, en dehors de la ville.
Le Palazzo Vecchio actuel n’a plus, des tours lui ayant été rajoutées, l’aspect qu’il présentait lorsque Dante commit l’erreur de se mêler à la politique de la cité, ce qui lui coûta cher. Son masque funéraire supposé y est exposé. Une fois encore, son authenticité est contestée mais les spécialistes s’entendent pour lui trouver une grande ressemblance avec les portraits que nous possédons, à l’instar de celui figurant au palais du Bargello sur une fresque de Giotto.
Via del Corso s’élève le palazzo Portinari Salviati, où grandit Beatrice. C’est dans l’une de ses salles que Dante, âgé de 9 ans, aurait été foudroyé par l’apparition de la fillette.
Devant la basilique Santa Croce, en plein cœur de la ville, tout près de la gare, se dresse la statue de Dante, hommage tardif à l’exilé. Dans le sanctuaire, un cénotaphe attend vainement les ossements que Ravenne refuse de rendre depuis sept siècles. C’est dans cette ville qu’il faut vous rendre pour vous recueillir sur la tombe du poète. L’actuelle chapelle Dante fut élevée en 1780 par le cardinal de Gonzague, en remplacement d’un édifice médiéval qui menaçait ruine. On y admire un bas relief de Pietro Lombardo. Dans l’église voisine de San Francesco furent célébrées, le 15 septembre 1321, les obsèques de Dante. Chaque soir, ses cloches sonnent treize fois, pour le repos de son âme, en hommage au début du 8e chant du Purgatoire.
À Vérone, les escaliers Scaliger ont peut-être inspiré le soupir désabusé à propos des escaliers d’autrui si pénibles à monter et descendre, ce qui ne rend pas hommage à l’hospitalité des podestats. Certains édifices de la piazza dei Signori sont contemporains de l’exilé, tout comme l’église Santa Elena où il allait prier et la cathédrale, où il soutint sa « disputatio de acqua et terra. »
Enfin, pour l’anecdote, rendez-vous au quartier Latin, dans la courte rue Dante, rebaptisée ainsi voilà un siècle à l’emplacement d’une partie de la rue de Jouarre, défigurée par les travaux haussmanniens. Ce serait ici que le Florentin aurait vécu tandis qu’il suivait en Sorbonne des cours de théologie. On dispute de la réalité de ce séjour parisien mais, comme disent les Italiens : « se non è vero, è bene trovato ! »

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCulture

Ermonia : Magnificat, une adaptation de René Bazin en court-métrage 

L'association de production cinématographique Ermonia s’est éprise de la noble ambition de faire éclore la beauté, en tissant des liens entre les trésors de l'Histoire, les splendeurs de la littérature et les échos du patrimoine. Ermonia présente son troisième moyen-métrage de quarante-cinq minutes : Magnificat, un voyage dans la Bretagne du début du XXe siècle.

+

ermonia magnificat
À la uneCulture

Catholics : fiction ou constat précoce ?

En 1973, un film anglais sortait sur les écrans. Catholics racontait l’histoire d’un monastère refusant les réformes de Vatican IV et décidant de continuer à dire la messe et à conférer les sacrements selon l’ancien ordo. Film prémonitoire ? Toute la tragédie de l’obéissance est ici dévoilée.

+

catholics 1823
À la uneCulture

L’exposition : Ribera. Ténèbres et Lumière

À Paris, le Petit Palais présente la première rétrospective des œuvres de Jose de Ribera (1591-1652). Peu connu du grand public, il fut pourtant en son temps un des principaux artistes de l’âge baroque. Considéré comme l’héritier du Caravage (1571-1610), ses contemporains décrivaient son travail « plus sombre et plus féroce ».

+

ribera
Culture

Il y a quatre-vingts ans, les Polonais tentaient de se libérer

Culture | La Pologne a connu deux occupations successives, allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, puis soviétique à l’issue de celle-ci. Les Polonais avaient pourtant montré un farouche attachement à leur patrie, résistant pendant la guerre à travers différentes organisations clandestines – politique, militaire, scolaire, scoute, etc. – puis se soulevant en armes à Varsovie en 1944.

+

Warsaw Uprising by Chrzanowski Henio Roma 14828 2 polonais