L’Instrumentum laboris de la 2e session de la XVIe Assemblée générale ordinaire des évêques a été publié en juillet dernier. Alors que cette session s’ouvre en octobre prochain, il n’est pas inutile de revenir sur ce que l’on entend par Église synodale et sur ce que semble promettre ce document qui en forme la base de réflexion. Les explications d’un théologien et canoniste.
Nous disposons maintenant de l’Instrumentum laboris, fruit de la consultation de nombreuses instances ecclésiales et de la réflexion de la première session du Synode qui s’est tenu l’automne dernier. Ce texte qui comporte 112 numéros est disponible sur le site du Saint-Siège. C’est à partir de lui que les Pères – et Mères ! – synodaux partageront leurs expériences et leurs réflexions qu’ils présenteront au Saint-Père. Selon le principe philosophique « Agere sequitur esse ». Autrement dit l’action procède de ce que l’on est. Il s’agit donc de définir, ou au moins de décrire, ce qu’est l’Église synodale pour ensuite présenter les implications et les conséquences pratiques et pastorales de cette définition.
1. Qu’est-ce que l’Église synodale ?
On sait toutes les consultations, réflexions, prises de parole et écrits que la célébration du synode a provoqués. Le texte fait lui-même l’historique de tout ce travail. À lire le tout, on peut dégager cette définition toute simple : l’Église synodale consiste en une communauté chrétienne où chacun est tenu de donner son avis (d’ailleurs ceux qui ont boudé la réflexion synodale sont clairement dénoncés et culpabilisés, cf. n. 12). Il s’agit donc tout d’abord d’un engagement à l’écoute bienveillante, au dialogue et à la discussion. On peut penser que la démarche doit aboutir pour chaque communauté chrétienne (diocèses, paroisses, communautés religieuses, mouvements, associations…) à une démarche de discernement pour un engagement missionnaire renouvelé. Pour cela, et le texte reprend ici le vocabulaire du management anglo-saxon, il faut élaborer ensemble des solutions (decision making et decision taking). Chacun est légitime pour participer au débat puisque par le baptême les chrétiens ont une même dignité. Si tous ne participent pas de la même façon à l’autorité du Christ, tout baptisé a quelque chose à apporter au service de la mission, il est bénéficiaire de grâces spéciales, de charismes, dont la communauté doit pouvoir bénéficier. Il s’agit bien d’opérer une conversion afin de pouvoir construire ensemble des solutions communes « élaborées sur la base de l’écoute et de la voix de tous, y…