Synode romain : le secret pontifical, une étrange restriction 

Publié le 27 Sep 2023
fiducia supplicans pape

Les fidèles attendent du Pape une mise au point claire sur un document troublant.

Une curieuse disposition semble bien devoir être appliquée au prochain Synode sur la synodalité par les autorités vaticanes, le secret pontifical. Peu utilisé et en des circonstances très précises, il paraît peu adapté à une époque de communication tous azimuts appuyée sur des moyens instantanés et universels, et contredit par les habitudes ecclésiales dans un processus aussi public qu’un synode. 

Depuis quelque temps plusieurs sources vaticanes laissent présager que l’ensemble des prochaines discussions synodales serait couvert par le secret pontifical. Autrement dit, non seulement les participants (c’est-à-dire les évêques et autres membres nommés) mais aussi tous ceux qui assisteront pour des raisons de logistique ou de technique aux débats du synode seraient tenus de garder le silence absolu sur tout ce qu’ils ont dit, vu et entendu, sous peine de sanctions canoniques. L’énoncé de cette exigence fait spontanément sourire tant il semble impossible aujourd’hui de maintenir une telle pratique, quand on sait, par exemple, la rapidité avec laquelle tous ont été informés des discussions voire des scores obtenus par les différents cardinaux lors du dernier conclave…  Bien entendu, le secret pontifical doit être conservé et défendu dans des circonstances particulières qui exigent effectivement une discrétion absolue : enquête préalable à la nomination d’un évêque, correspondances diplomatiques, échanges entre les Églises locales et les services du Saint-Siège dans des circonstances délicates et bien précises. Il en est de même pour certaines phases des procédures judiciaires ou disciplinaires, même si beaucoup de spécialistes et les représentants des victimes exigent de plus en plus que les délits canoniques soient rendus publics afin d’éviter les récidives et de faciliter les enquêtes sur l’existence d’éventuelles autres victimes.  Mais rien de tel pour un synode qui s’est donné comme feuille de route de réfléchir à l’organisation interne de l’Église et à sa mission. Les défenseurs d’une pareille mesure arguent de la liberté dont doivent bénéficier les participants. Mais en quoi ceux-ci auraient-ils peur ou honte d’énoncer publiquement ce qui leur apparaît comme la volonté de Dieu sur l’Église pour le moment présent? Depuis quand l’Évangile doit-il être mis sous le boisseau ou caché dans l’armoire? Imposer le secret aux pères synodaux et aux autres participants serait aller directement contre l’exemple et la pratique du dernier concile. Les historiens et les théologiens ont à leur disposition non seulement les textes de Vatican II (constitutions, décrets…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Père L.-M. Pocquet du Haut-Jussé sjm  

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseTribune libreLectures

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (1/3)

Nous nous interrogions en 2019 (1) sur le regard porté par Benoît XVI et François sur ce roman d’anticipation de tout premier rang qu’est Le Maître de la Terre de Benson. Plus personne (plus personne de sain d’esprit en tous cas) ne prétend à présent à la continuité entre les deux pontificats. Leurs ambitions, leurs idées, leurs spiritualités, leurs tempéraments que tout oppose trouveraient dans ce livre un point commun ? Non, décidément nous ne parvenons pas à comprendre. Si les deux pontifes ont recommandé ce livre puissant, les motifs en sont forcément différents. 

+

François maitre de la terre Benson
A la uneEgliseMagistère

La loi naturelle, une herméneutique à contextualiser ?

L'Essentiel de Thibaud Collin | Le récent ouvrage de Mgr Livio Melina, Le discernement dans la vie conjugale, définit la loi morale comme une lumière sur le vrai bien, contre un paradigme, défendu par Karl Rahner et la cardinal Kasper, qui, sous couleur de pastorale et en tordant la notion de discernement, la présente comme inapplicable.

+

LOI NATURELLE Livio Melina
EgliseLiturgie

L’Ascension du Christ est notre propre élévation

L'esprit de la liturgie | Jésus montant au ciel est cause de joie pour les apôtres car, avec lui, la nature humaine est élevé à une dignité plus haute et « la captivité est emmenée captive ». Et leur égarement ne durera pas puisqu’il leur a promis le Consolateur.

+

ascension
A la uneEgliseDoctrine socialeMagistère

Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?

Entretien | La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité. 

+

Dignitas infinita
A la uneEgliseEglise de France

Mobilisation pour le maintien de la Tradition en Finistère : « Nous ne comprenons pas les raisons de cette expulsion »

Entretien avec Joseph, membre de l’organisation de la mobilisation pour le maintien de la tradition dans le Finistère. Deux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre ont été expulsés sans explications. Pour les fidèles, cette situation est à la fois inexplicable et injuste. La Fraternité Saint-Pierre est un institut sacerdotal fondé en 1988 et dont les statuts ont été approuvés par le Pape François en 2022. Ces deux prêtres en sont membres.  

+

tradition Finistère
EgliseLiturgie

La Pause liturgique : Alléluia « Dóminus in Sina » (Ascension)

Grégorien | « Alléluia ! Le Seigneur, du Sinaï vient dans son sanctuaire, il monte vers les hauteurs ; il conduit ceux qu'il a libérés de la captivité. » (Psaume 67, 18-19) L'alléluia "Dóminus in Sina" de l'Ascension, utilise une des mélodies types les plus fréquentes dans le répertoire grégorien. Empruntée au 8e mode, le mode de la plénitude, elle se revêt pourtant d'une exquise douceur qui transparaît partout. Deux longues phrases constituent le corps de cet alléluia au jubilus plutôt bref, mais très expressif, à lui seul, de l'atmosphère spirituelle de toute la pièce.

+

alleluia