Depuis le 6 mars 2025, la Syrie replonge dans un chaos sanglant. Dans l’ouest du pays, notamment dans les fiefs alaouites de Lattaquié, Tartous et Homs, plus d’un millier de personnes auraient été massacrées.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), plus de 1 500 victimes, dont 973 civils auraient été tuées depuis le 6 mars par des groupes islamiques notamment de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dont beaucoup sont affiliés au nouveau pouvoir en place à Damas. Ces atrocités, menées sous le prétexte de réprimer une insurrection loyaliste à l’ancien régime de Bachar el-Assad, révèlent une fois encore la sauvagerie qui menace l’âme de ce pays martyr. Presque toutes les victimes civiles ont été tuées lors d’exécutions sommaires, parfois en pleine rue.
Les communautés arméniennes et autres minorités chrétiennes, déjà fragilisées par des décennies de tensions, ont aujourd’hui peur pour leur vie. Privés d’une tradition de résistance armée, contrairement à leurs frères du Liban, les chrétiens de Syrie, qui avaient trouvé une relative sécurité sous le régime des Assad, se retrouvent désarmés face à des milices assoiffées de violence.
L’association Aide à Église en Détresse (AED) a rapporté ce lundi plusieurs incidents de violence ayant frappé la population chrétienne ces derniers jours. Selon une source de l’organisation, un père et son fils, membres d’une église évangélique de Lattaquié, ont été arrêtés dans leur voiture et tués, tout comme le père d’un prêtre de Banias, une ville côtière méditerranéenne. « Des rapports font état de pillages de maisons et de véhicules, touchant l’ensemble de la population, mais affectant particulièrement les chrétiens, obligeant certaines familles à se réfugier chez des amis sunnites », précise l’AED.
Sur des images insoutenables ont voit des hommes du HTS, sous les ordres d’Abou Mohammed al-Joulani, exécutant des civils désarmés dans les rues, tandis que des habitations sont bombardées sans égard pour les vies qu’elles abritent. Cette répression brutale, amplifiée par des appels à l’éradication des alaouites lancés dans certaines mosquées, montre que le nouveau pouvoir est loin d’apaiser les tensions.
Sur place, des responsables chrétiens ont également dénoncé ces violences. Dans son homélie du dimanche 9 mars, le patriarche Jean X de l’Église orthodoxe d’Antioche a interpellé le président syrien, Bashar al-Assad, en soulignant que « de nombreuses villes, localités et villages ont vu leurs maisons incendiées et leurs biens volés. Les zones visées étaient celles où vivaient des alaouites et des chrétiens. De nombreux chrétiens innocents ont aussi été tués. »
Le patriarche a insisté : « Monsieur le président, l’icône de la Vierge Marie a été brisée, piétinée et profanée. C’est Marie, la Vierge, que tous les musulmans honorent avec nous, à qui le Coran a consacré une sourate entière, ‘la Sourate de Marie’, et dont il est dit que ‘Dieu l’a choisie et l’a faite la plus honorable parmi les femmes du monde’. »
Les patriarches d’Antioche : Ignace Ephrem II (Syrien orthodoxe) et Joseph Absi (Grec melkite catholique) avec Jean X (Grec orthodoxe), ont également uni leurs voix pour condamner « une dangereuse escalade d’actes de violence, de torture et de meurtres » visant des civils innocents. Ils dénoncent ces « massacres contraires à toutes les valeurs humaines et morales » et appellent à une réconciliation nationale fondée sur la justice, la dignité et une citoyenneté égale, loin des logiques de vengeance.
Sur le réseau social X, l’ex-premier ministre François Fillon a relayé l’appel à l’aide de la supérieure du couvent carmélite de Maaloula, situé à cinquante kilomètres au nord de Damas, et a dénoncé « une opération d’extermination systématique des populations chrétiennes et alaouites ».
La France, fille aînée de l’Église, ne peut rester sourde à cet appel. Elle doit agir, non par intérêt géopolitique, mais par fidélité à sa vocation chrétienne.
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