Ce 26 octobre, la Voie romaine publie un recueil de quatre-vingts lettres choisies parmi celles rédigées à l’intention du Pape et remises à l’issue du pèlerinage des mères de prêtres le 4 mai 2022.
Le 30 avril dernier, le pèlerinage de la Voie Romaine parvenait place Saint-Pierre à Rome, après un périple long de deux mois et de 1500 km au départ de Paris. Une cinquantaine de mères de prêtres ont ainsi marché l’intégralité, un seul ou plusieurs tronçons, pour faire part au Saint-Père de leur inquiétude à la réception du motu proprio Traditionis Custodes, et de leur soutien pour leurs fils, attachés au rite tridentin.
Elles ont aussi tiré un petit coffre dans lequel se trouvaient environ 2000 lettres de catholiques français, fidèles réguliers ou non de la messe tridentine. Destinées au Pape, ces lettres disaient tout le respect et l’attachement de ces catholiques à la messe de saint Pie V et leur incompréhension, à l’image des mères de prêtres, face au motu proprio.
Avant de partir sur les chemins de France et d’Italie, elles ont pris soin d’adresser une lettre au Pape pour lui faire part de leur démarche, et de leur souhait d’obtenir une audience privée avec le Saint-Père pour lui remettre ces milliers de lettres. Une seule pélerine a pu approcher le Pape lors de son audience hebdomadaire du 4 mai 2022.
80 témoignages d’amour et de conversion
Tout ceci n’était que l’acte I. N’ayant reçu aucune réponse aux lettres remises au Pape, la Voie romaine a décidé de choisir 80 d’entre elles pour les publier dans un beau recueil d’environ de 200 pages. Intitulé Très cher Saint-Père, 80 témoignages d’amour pour l’Église, cet “acte II” sort en librairies ce 26 octobre. Il sera offert à la hiérarchie de l’Eglise afin de toucher un maximum les autorités et de rendre compte de la tristesse et de l’incompréhension des fidèles “d’en bas”.
L’avant-propos de Benoît Sévillia, avocat et directeur général de la Voie romaine, rappelle l’histoire de ce pèlerinage et du motu proprio, et expose les raisons de ce projet éditorial particulier. Suit la demande d’audience privée des mères de prêtres de la Voie romaine du 25 mars 2022 signée par les deux mères responsables du “Pôle Marcheurs”. Chaque fois, que ce soit dans ces deux textes ou ensuite dans chaque lettre, le propos insiste sur l’immense respect des auteurs pour le Pape et leur attachement à l’Église romaine.
Les profils des auteurs sont variés. Anonymes ou non, les auteurs des lettres sont aussi bien des étudiants que des pères ou mères de famille, certains sont retraités ou consacrés.
Il est étonnant de constater qu’une grande partie d’entre eux a découvert la messe selon le missel de 1962 tardivement, et que cela a été parfois le terreau d’un retour, voire d’une véritable conversion, à la foi catholique. Certaines lettres sont ainsi de véritables témoignages de conversion.
La nécessité des deux rites
D’autres précisent quant à eux ne pas être des fidèles réguliers de la messe tridentine, ou assister de manière presque égale à l’une ou à l’autre, selon qu’il s’agit du dimanche ou de la semaine, des vacances ou du quotidien. Les métaphores de ce double héritage sont multiples.
On relèvera celle d’une mère de famille qui compare les deux messes aux deux seins d’une mère allaitante : « permettez à vos enfants de goûter et croître à l’ombre des deux liturgies, tridentine et vernaculaire, comme un enfant est allaité des deux seins de sa mère, de son unique mère. Il ne viendrait pas à l’idée d’une mère de priver son enfant d’un sein car l’important est sa croissance. »
Un fidèle retraité évoque quant à lui les deux jambes du corps humain : « J’ai alors compris que pour marcher droit j’avais besoin de mes deux jambes, la jambe “Ordinaire” qui met en évidence l’humanité de notre Seigneur et la branche “Extraordinaire” qui met en évidence la “Déité” de notre Seigneur. »
Quelques soient les âges et les profils, nombreux sont les fidèles engagés dans leur paroisse, diocésaine ou rattachée à une communauté, qui donnent de leur temps pour les différentes activités. Ils participent activement à la vie de leur paroisse, qui n’est pas toujours de mouvance traditionnaliste, et par conséquent à la vie de l’Église.
Un héritage à faire perdurer
La majorité des lettres portent sensiblement la même idée, et on prend plaisir à les lire une par une, pour découvrir la relation toute personnelle des auteurs avec la messe tridentine. Chaque parcours est différent, mais l’incompréhension et l’attachement sont aussi forts chez tous. Les motifs les plus récurrents sont l’apport du silence et du sacré, des actes et rituels spécifiques à la messe extraordinaire, et enfin l’importance de l’Eucharistie.
Embelli par un graphisme attrayant, ce livre en grand format est ponctué de magnifiques images de plusieurs photographes, illustrant le pèlerinage, mais aussi des instants choisis des messes en latin ou autres manifestations : consécration, communion, adoration eucharistique, fidèles en prière.
Si le rite tridentin a pu donner de nombreux saints à l’Église catholique durant les siècles passés, pourquoi vouloir à tout prix abolir ce qui a été le ferment de leur foi, un rite qui les a sanctifiés, des prières qu’ils ont eux-mêmes récitées ? C’est la question que se posent tous les auteurs des lettres de la Voie romaine, qui, à l’image des saints qui nous ont précédés, ne cherchent qu’à sanctifier leur âme.
La Voie romaine, Très cher Saint-Père, 80 témoignages d’amour envers l’Église, Première Partie, 208 p., 21,90€.
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