La Constitution fonde l’identité de la société. En y introduisant l’avortement, nos législateurs ont fait de la Ve République un système défini par la liquidation des êtres humains non désirés, selon une logique totalitaire déjà analysée par Hannah Arendt. Une spirale qui suivant sa propre nature ne s’arrêtera pas là et dévorera d’autres humains « superflus ».
Le royaume franc fut le premier « État » moderne chrétien, ce qui valut à la France d’être qualifiée de « Fille aînée de l’Église ». Le pape Jean-Paul II le rappela encore en 1980, ajoutant qu’elle était aussi « mère et éducatrice des peuples», avant de poser une question qui résonne dans nos esprits avec une terrible gravité depuis le début du mois mars : «France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » Car cette même France est aujourd’hui le premier pays au monde à intégrer l’avortement dans sa Constitution, crime qui « crie vengeance au Ciel ». Cette mesure ne relève pas seulement du droit, ni même du symbole, elle définit ce que nous sommes aujourd’hui. En effet, suivant la définition donnée par le Conseil constitutionnel, « la Constitution n’a pas pour unique objet de déterminer la forme de l’État, d’organiser les institutions et de déterminer les règles de production des normes. La Constitution est un acte fondateur par lequel une société se constitue une identité et décide de l’ordre sociétal [sic] voulu » (1). Il en découle que la mise à mort des plus innocents est devenue un élément constitutif de notre société et de la nature de notre régime politique.
Quelle est la valeur de notre régime ?
Une première interrogation vient naturellement à l’esprit : si une loi injuste n’est pas une loi, comme l’avait rappelé Jean-Paul II au sujet de l’avortement, qu’en est-il de la valeur d’un régime qui appose son sceau à la reconnaissance constitutionnelle d’une telle iniquité ? À l’occasion de la cérémonie de scellement du texte constitutionnel modifié, les paroles de notre hymne national furent modifiées pour la circonstance, vantant l’entrée d’« une loi pure dans la Constitution ». La « loi pure », placée au fondement même de notre système juridique, affirme que l’homme est superflu. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Hannah Arendt avait analysé les régimes totalitaires comme des systèmes de liquidation humaine. « Le totalitarisme, écrivait-elle, ne tend pas vers un monde despotique sur les hommes, mais vers un système dans lequel les hommes sont superflus » (2). C’est pourquoi elle…