Une loi pure dans la Constitution…

Publié le 21 Mar 2024
avortement constitution

Hannah Arendt avait déjà analysé les régimes totalitaires comme systèmes de liquidation humaine. © Münchner Stadtmuseum, Sammlung Fotografie, CC BY-SA 4.0

> L’Essentiel de Joël Hautebert
La Constitution fonde l’identité de la société. En y introduisant l’avortement, nos législateurs ont fait de la Ve République un système défini par la liquidation des êtres humains non désirés, selon une logique totalitaire déjà analysée par Hannah Arendt. Une spirale qui suivant sa propre nature ne s’arrêtera pas là et dévorera d’autres humains « superflus ».

  Le royaume franc fut le premier « État » moderne chrétien, ce qui valut à la France d’être qualifiée de « Fille aînée de l’Église ». Le pape Jean-Paul II le rappela encore en 1980, ajoutant qu’elle était aussi « mère et éducatrice des peuples», avant de poser une question qui résonne dans nos esprits avec une terrible gravité depuis le début du mois mars  : «France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »  Car cette même France est aujourd’hui le premier pays au monde à intégrer l’avortement dans sa Constitution, crime qui « crie vengeance au Ciel ». Cette mesure ne relève pas seulement du droit, ni même du symbole, elle définit ce que nous sommes aujourd’hui. En effet, suivant la définition donnée par le Conseil constitutionnel, « la Constitution n’a pas pour unique objet de déterminer la forme de l’État, d’organiser les institutions et de déterminer les règles de production des normes. La Constitution est un acte fondateur par lequel une société se constitue une identité et décide de l’ordre sociétal [sic] voulu » (1). Il en découle que la mise à mort des plus innocents est devenue un élément constitutif de notre société et de la nature de notre régime politique.  

Quelle est la valeur de notre régime ?

Une première interrogation vient naturellement à l’esprit : si une loi injuste n’est pas une loi, comme l’avait rappelé Jean-Paul II au sujet de l’avortement, qu’en est-il de la valeur d’un régime qui appose son sceau à la reconnaissance constitutionnelle d’une telle iniquité ? À l’occasion de la cérémonie de scellement du texte constitutionnel modifié, les paroles de notre hymne national furent modifiées pour la circonstance, vantant l’entrée d’« une loi pure dans la Constitution ». La « loi pure », placée au fondement même de notre système juridique, affirme que l’homme est superflu. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Hannah Arendt avait analysé les régimes totalitaires comme des systèmes de liquidation humaine. « Le totalitarisme, écrivait-elle, ne tend pas vers un monde despotique sur les hommes, mais vers un système dans lequel les…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Joël Hautebert

Ce contenu pourrait vous intéresser

Société

La République du Panthéon

L’Essentiel de Joël Hautebert | En accueillant Robert Badinter, la République a poursuivi sa liturgie laïque au temple de ses héros. De l’église Sainte-Geneviève au sanctuaire des « grands hommes », le Panthéon incarne la substitution progressive du culte de Dieu par celui de la République.

+

robert Badinter panthéon
SociétéArt et Patrimoine

Transmettre le patrimoine vivant, un défi pour la France

Entretien | Malgré les difficultés et la disparition d’un tiers des événements en cinq ans, les Français restent profondément attachés à leurs traditions festives. Thomas Meslin, cofondateur de l’association « Les Plus Belles Fêtes de France », défend ce patrimoine culturel immatériel et veut lui redonner visibilité et dynamisme grâce à un label national et un soutien accru aux bénévoles. Entretien.

+

patrimoine
InternationalBioéthique

Abolition de la GPA : une semaine historique à l’Onu

Dans un rapport du 1er octobre, Reem Alsalem, rapporteur spécial des Nations unies sur la violence contre les femmes et les filles, a qualifié la gestation pour autrui de « forme d’esclavage moderne », et appelé à l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant interdisant la GPA « sous toutes ses formes ». 

+

gpa