Vatican. Le gouvernement chinois a nommé un nouvel évêque à Shanghai, sans l’accord du Saint-Siège. Ce coup de force plonge le diocèse dans la tourmente. Shanghai est en Chine la ville qui compte le plus d’églises catholiques. Le diocèse a été créé en 1946 et le premier évêque fut un missionnaire jésuite français, Mgr Haouissée. Quelques mois avant la victoire des communistes, prévoyant des temps difficiles, Pie XII nomma le 9 juin 1949 un évêque chinois à Shanghai, Joseph Kung Szu-jung. Celui-ci renonça à sa nomination avant sa consécration. Pie XII nomma alors Mgr Ignatius Kung Pin-mei, qui était jusque-là évêque de Soochow. Durant la vaste persécution qui a frappé l’Église catholique à Shanghai en 1955 – plusieurs centaines de prêtres, de catéchistes et de responsables laïcs arrêtés –, Mgr Kung fut emprisonné. Il resta incarcéré jusqu’en 1986 puis fut placé en résidence surveillée. Le premier geste de Jean-Paul II envers l’Église en Chine fut de le créer cardinal, en 1979. Comme il était toujours en prison, sa nomination fut faite in pectore, c’est-à-dire gardée secrète. Elle ne fut rendue publique qu’en 1991. Des évêques fidèles au régime furent nommés par les autorités chinoises : Mgr Zhang Jia-shu en 1959, auquel succéda en 1988 Mgr Jin Lu-xian, évêque auxiliaire depuis 1984. Ces deux évêques ayant été nommés et consacrés sans l’accord du Saint-Siège, ils furent excommuniés latae sententiae. L’Église catholique à Shanghai resta divisée pendant des décennies entre « officiels » ou « patriotiques » et « clandestins » ou fidèles au Saint-Siège. En 2005, Mgr Jian Lu-xian s’est réconcilié avec le Saint-Siège et a été confirmé comme évêque de Shanghai par le pape Benoît XVI. L’apaisement n’a duré que quelques années. En mai 2012, considérant le grand âge de Mgr Jian, Benoît XVI a nommé un évêque auxiliaire, l’abbé Thaddeus Ma Daquin. La nomination s’est faite en accord avec les autorités chinoises. Mgr Ma Daquin a été consacré évêque le 7 juillet suivant. À la fin de la cérémonie, le nouvel évêque déclara qu’il abandonnait ses fonctions au sein de l’Association patriotique des catholiques chinois (organisation inféodée au Parti communiste chinois), voulant se consacrer uniquement à son ministère épiscopal. Le jour-même, il était arrêté par les autorités chinoises, assigné à résidence au séminaire de Sheshan et interdit de tout ministère pastoral ; situation qui persiste aujourd’hui encore. Un affront au Saint-Siège
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