Y a-t-il des limites à l’obéissance dans l’Église ?

Publié le 20 Juin 2025
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Jean-Pierre Maugendre a-t-il été inspiré pour écrire ce livret sur l’obéissance alors même que Léon XIV vient d’accéder au souverain pontificat ? Quelle coïncidence ! Le sujet est vaste et les études savantes sont nombreuses. Pourquoi ajouter un petit opuscule de 70 pages ? Tout d’abord il est agréable à lire car l’auteur est un orateur rompu aux joutes verbales. Mais puisque c’est un écrit, l’argumentation bénéficie d’une profonde réflexion et d’une expérience personnelle de combat doctrinal et pratique. Tout est abordé simplement et efficacement : sources philosophiques, références théologiques avec citations précises des grands auteurs comme des moins attendus. La pertinence de ces citations et les exemples historiques passés et présents rendent l’étude riche et vivante. Obéir à l’autorité civile ou à la hiérarchie ecclésiastique est en effet une grande question qui semble bien remonter aux origines de tout acte humain. Adam et Ève n’ont-ils pas suivi Lucifer dans sa désobéissance et son refus de servir le Dieu créateur infiniment bon et infiniment aimable ? Toute révolte semble marquée par le refus de la Réalité, de la Vérité et de la Bonté pour se complaire dans ses choix et ses satisfactions égoïstes. Mais, sans se perdre dans la distinction des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, le travail se concentre sur le but de toute autorité légitime : la réalisation du bien commun. De fait, selon la définition classique, toute vraie loi est une ordonnance de raison en vue de ce bien commun, établie et promulguée par celui qui a charge de la communauté. Au fil des pages, désobéir aux injonctions des autorités civiles et religieuses va se révéler plutôt résister à un pouvoir qui détourne la communauté et ses membres de leur fin en abusant de la servilité et de la peur. L’illustration principale est la question de l’obéissance du catholique aux demandes et aux injonctions du détenteur de l’autorité magistérielle et disciplinaire dans l’Église. La question est d’autant plus délicate que le but poursuivi est le salut éternel et la soumission à la volonté divine. Le Christ a accepté d’être l’Agneau de Dieu selon un sacrifice sanglant après une terrible agonie durant laquelle sa nature humaine se rebellait légitimement devant un tel excès d’amour auquel il s’est finalement résolu. Préférant obéir au commandement divin d’annoncer la Bonne Nouvelle, les apôtres n’ont pas obéi aux autorités du Sanhédrin. Mais surtout Paul a repris publiquement Simon Pierre pour avoir eu peur…

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Abbé Marc Guelfucci

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