L’Université d’été de Renaissance Catholique se tiendra du 11 au 14 juillet 2024 au Château des Termelles à Abilly (37). Dans ce cadre verdoyant, théologiens, essayistes, journalistes, historiens et philosophes se réuniront pour débattre de l’avenir de l’Église catholique, confrontée à une crise interne et à une influence décroissante dans le monde. Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance Catholique.
| Quel sera le thème de l’université d’été ?
Le sujet est : le christianisme et la géopolitique. Le fait est que l’Église et la prédication de l’Évangile ne peuvent pas être complètement étrangères à l’environnement social et à la politique. Objectivement les pouvoirs publics sont soit favorables, soit indifférents, soit opposés au christianisme. L’indifférence est en pratique impossible, car il faut bien que l’État se positionne, par exemple pour ou contre le respect de la loi naturelle. Un des thèmes principaux de cette université est de souligner que, pour la première fois depuis le IVe siècle, depuis l’empereur Théodose, il n’existe plus d’État officiellement catholique.
Depuis Théodose, il y eut l’empire Romain, puis la conversion de différents rois et princes de l’Europe Clovis, saint Vladimir en Russie ou encore sainte Élisabeth de Hongrie. Le cardinal Pie, évêques de Poitier, affirmait que les peuples ont intégré l’Église à la suite de leur souverain. L’Autriche-Hongrie fut jusqu’en 1918 la dernière grande puissance catholique. Certains États catholiques ont été maintenus jusqu’aux années 60-70 après le Concile, comme l’Irlande et l’Espagne. Aujourd’hui, il n’existe plus d’État catholique. Ce fait ne peut pas avoir de conséquences sur la vie de l’Église et sur l’évangélisation. C’est le sujet de notre université.
| Quelle est la raison pour laquelle vous avez choisi ce thème ?
Ce qui a servi de détonateur, ce sont les réflexions de Mgr de Moulins-Beaufort en décembre dernier. Lors de sa rencontre avec les séminaristes de France, le président de la Conférence des évêques de France a été interrogé sur la nature du problème de fond avec les traditionalistes. Selon lui, la difficulté essentielle résidait dans le fait que les traditionalistes cultiverait la nostalgie d’un État chrétien et que cela n’aurait plus aucun sens : « Le Christ n’est pas venu bâtir des nations catholiques, mais il est venu fonder l’Église. Ce n’est pas la même chose. »
Le fait est que l’organisation de la société a un impact sur la vie de l’Église, l’évangélisation et finalement le salut des âmes. « De la forme donnée à la société en harmonie donnée ou non avec les lois divines, dépend et s’infiltre le bien ou le mal des âmes. » (Message de Pie XII sur radio-Vatican 1 juin 1941) Mgr de Moulins-Beaufort vit dans l’utopie s’il croit qu’un nombre important de personnes peuvent vivre conformément à la loi de Dieu et à la loi naturelle sans le soutien des institutions. Il en va du salut des âmes du plus grand nombre.
| Où aura lieu l’université d’été ?
L’université d’été se tiendra à Abilly, dans l’Indre-et-Loire, près de Châteauroux, dans un château. Nous avons reçu l’autorisation de célébrer la messe romaine traditionnelle dans l’église du village les deux années précédentes. Cependant, cette année, Mgr Jordy, archevêque de Tours a interdit la célébration de la messe romaine traditionnelle dans l’église. Nous sommes en train d’examiner les solutions possibles tout en restant en contact avec l’évêque. Quant au maire d’Abilly, il a été très étonné d’autant que l’année prochaine, il aura terminé de régler le prêt de 20 ans pour les travaux dans cette église. Nous espérons néanmoins pouvoir utiliser l’église pour la récitation du chapelet et les confessions.
| Qui seront les intervenants ?
La conférence introductive sera donnée par le général Alexandre Lalanne-Berdouticq, éminent géopoliticien, qui abordera les défis géopolitiques du XXIᵉ siècle et les grands enjeux des relations politiques internationales contemporaines mondiales.
Le colonel François-Régis Legrier, auteur du livre La Guerre Juste, traitera de l’évolution des conditions de la guerre à l’ère moderne. Jean-François Chemain, docteur en histoire, examinera les limites possibles à la souveraineté nationale dans le cadre des processus de colonisation et décolonisation, offrant une perspective éclairée sur ces sujets complexes. Philippe Conrad à travers une conférence historique, nous amènera de Théodose au IVᵉ siècle à Vatican II au XXᵉ siècle, explorant pourquoi des États catholiques ont émergé au fil du temps.
Christophe Réveillard analysera les défis géopolitiques du catholicisme contemporain, mettant en lumière les moyens de résistance de l’Église aux puissances politiques et financières. Jean Desroche, professeur en classe préparatoire à Versailles, s’interrogera sur l’existence d’un choc des civilisations entre l’islam et l’Occident, un enjeu fondamental des débats politiques et religieux actuels. Nous aurons également deux tables rondes sur la guerre en Ukraine avec Marc Fromager, Nicolas Mirkovic, François Martin et le général Marc Paitier et la seconde sur le conflit au Proche-Orient avec François Martin et Marc Fromager.
Antoine de Lacoste s’interrogera sur l’existence d’aujourd’hui d’une diplomatie française avec une analyse des dimensions géopolitiques du rôle de la France. Thibaud Van den Bossche, avocat à l’ECLJ (Centre européen pour le droit et la justice), traitera la défense des chrétiens persécutés.
Je ferai la conférence de clôture sur « L’Église face aux nations » et les enseignements de l’Église sur les relations entre l’Église et la société, en particulier à l’approche du centenaire de l’encyclique Quas Primas sur la royauté sociale du Christ en décembre 2025.
Outre les conférences, il y aura des activités culturelles et spirituelles avec un pèlerinage à l’île Bouchard, des temps de rencontre et d’échange, ainsi qu’un cadre familial avec garderie et piscine pour les enfants. C’est une occasion unique de passer quatre jours de réflexion et de rencontre en famille pour sortir de la routine quotidienne et de la torpeur en ces temps un peu agités.
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