Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?

Publié le 06 Mai 2024
Dignitas infinita

Palazzo del Sant'Uffizio, siège du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. © Jim McIntosh, CC BY 2.0

La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité

 

| Le Vatican vient de publier une déclaration sur la dignité humaine, afin notamment de condamner les graves violations que celle-ci subit de nos jours. Sur quelle définition de la dignité humaine ce texte s’appuie-t-il ? Quels sont ses fondements philosophiques et théologiques ?

Ce qui frappe à la lecture de cette déclaration, c’est en effet la part qu’y prend la condamnation de travers majeurs de notre temps, présentés comme des violations de la dignité humaine. C’est sans doute inédit depuis Evangelium Vitae, et ce n’est pas anodin : le monde auquel Vatican II tendait la main affiche chaque jour davantage son refus de l’Évangile comme de la loi naturelle. Cela étant, la déclaration en reste à une dénonciation des « violations concrètes » de la dignité, sans interroger leur racine. Elle demeure d’ordre pratique, ce qui explique sans doute qu’elle ne s’appuie sur aucune définition caractérisée de la dignité, laquelle semble être comprise comme évidente par elle-même. Le caractère pratique du texte explique de même que ses fondements philosophiques et théologiques ne soient pas explicités. Après une brève évocation des Anciens, le texte a le soin de rattacher la notion à l’Écriture, qui met en œuvre le respect de la personne humaine. Mais il est clair que la notion de dignité n’est pas en elle-même l’objet de la prédication évangélique. La prééminence accordée à Vatican II et au magistère qui s’inscrit dans sa suite permet de dire que le texte se rattache de manière générale au personnalisme catholique développé au XXe siècle.

| Cette définition comporte-t-elle des divergences par rapport à ce qu’a toujours enseigné l’Église ? Il semble par exemple étonnant d’y lire la référence à la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Ce personnalisme s’efforce de défendre les vérités de la foi, et de la raison naturelle, en adoptant le langage des Modernes, tout en le rattachant à la pensée chrétienne…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Marguerite Aubry

Marguerite Aubry

Ce contenu pourrait vous intéresser

EgliseLiturgie

La Pause liturgique : Gloria 6, Rex Génitor, (Mémoires des Saints)

Ce Glória est daté du Xe siècle, et il est utilisé, comme le précédent, pour les fêtes des Saints. Les sources manuscrites de ce Glória, assez peu nombreuses, sont toutes françaises, ce qui semble indiquer son lieu d’origine et de composition. Il emprunte sa mélodie au 8e mode, mais il est tout différent du précédent : tandis que le Glória 5 s’envole à chaque verset vers les hauteurs de la quinte du mode authente, celui-ci se cantonne pour l’essentiel à l’intérieur d’une tierce très modeste, Sol-Si. Bien sûr, il se déploie à l’aigu de temps en temps, mais il est beaucoup plus horizontal que son voisin.

+

gloria grégorien
Eglise

La réparation comme démarche spirituelle

Commentaire du Pape | À l'occasion du 350e anniversaire des apparitions du Sacré Cœur de Paray-le-Monial, le Pape a prononcé quelques mots lors du colloque « Réparer l’irréparable », organisé le 4 mai dernier au Vatican. 

+

réparation France sacré cœur roi
A la uneEgliseMagistèreThéologie

Jean Madiran : lecteur critique de Gustave Thibon

Dossier « Jean Madiran et Gustave Thibon, un compagnonnage intellectuel ? » | Considéré par les lecteurs d’Itinéraires comme un collaborateur régulier de la revue, Gustave Thibon n’y donna en réalité qu’épisodiquement des articles, marquant toujours une certaine réserve par rapport au contenu. Directeur de la revue, Jean Madiran le sollicita à de nombreuses reprises mais s’éloigna de plus en plus du philosophe. Retour sur la rencontre de deux grandes figures qui évoluèrent différemment.

+

gustave thibon jean madiran