La Pause liturgique : Kyrie 6, Rex Genitor (Mémoire des saints)

Publié le 18 Mai 2024
communion kyrie
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Commentaire musical

Ce Kyrie est daté du Xe siècle et sa mélodie est assez développée. Il s’agit d’un 7e mode, qui monte progressivement et déploie peu à peu son bel enthousiasme. Il est utilisé pour les fêtes des saints, selon la classification opérée par les moines de Solesmes.

Le schéma de ce Kyrie (aba, cdc, efee’) s’apparente à celui du Kyrie 3. On retrouve aussi ce schéma pour le Kyrie 6 ad libitum. Par ailleurs, son intonation, sur les trois syllabes de Kyrie, est identique à celle des Kyrie 2 et 16 : une formule archaïque qui joue sur trois cordes et deux tons pleins.

La mélodie s’attarde longuement dans les graves, plutôt en 8e mode qu’en 7e, et plus précisément entre le Sol et le Do, respectivement fondamentale et dominante du 8e mode, avec des appuis sur le Fa, sous-tonique du mode de Sol.

Kyrie 6 Partition kyrie

Le premier Kyrie évolue au début doucement et gravement entre le Sol et le Do, atteint juste en passant une première fois, puis se pose sur le Fa, avant le premier quart de barre, et repart du Fa en faisant entendre l’arpège Fa-La-Do. Le double Do de eléison est plus ferme et représente le sommet intensif de ce premier Kyrie. Ensuite la mélodie redescend par degrés conjoints, et remonte un peu sur l’accent de eléison, mis en valeur par un podatus épisémé. La cadence se fait sur le Sol.

Le second Kyrie est encore plus sobre, plus grave, plus piano. Cette fois, la mélodie du Kyrie ne dépasse pas le La et joue sur les trois seules notes Sol, La et Fa. La mélodie de eléison est identique à celle du premier Kyrie et on retrouvera cette formule mélodique tout au long de la pièce, affectant toutes les invocations à l’exception d’une seule.

Le troisième Kyrie est identique absolument au premier.

Le premier Christe évolue dans la même atmosphère de 8e mode, mais en privilégiant cette fois les Si, sur l’attaque de chaque syllabe de Christe. La cadence de cette formule se pose également sur le Fa et permet l’élan de eléison.

Le second Christe se situe au plus grave de la pièce, en faisant intervenir le Mi et même le Ré grave, juste avant qu’on retrouve le petit podatus subbipunctis Sol-La-Sol-Fa déjà entendu sur le premier Christe.

Le troisième Christe reprend entièrement la mélodie du premier. Jusqu’ici, ce Kyrie est demeuré extrêmement réservé, ne s’élevant vraiment, mais de façon restreinte que sur chacun des eléison. Il convient donc de chanter toute cette longue première partie avec douceur et fermeté, piano et léger, mais sans éclat.

Le 7e mode jaillit enfin, brusquement, sur le premier des trois derniers Kyrie. L’attaque de ce Kyrie se fait directement sur le Ré, dominante du 7e mode. Là, un grand souffle doit emporter la mélodie. L’attaque de l’accent au levé, le passage au Do, la finale pointée sur le Ré toujours, laissent entendre qu’on va monter encore, et une belle courbe très souple permet d’atteindre le Fa supérieur puis le Sol, au sommet de toute la pièce. Tout ce passage, y compris l’unique eléison qui fait exception, ne descend jamais en dessous du Do, alors que le Do était le sommet de tout ce qui avait précédé.

Notons que si la mélodie de eléison est originale, cette fois, les trois dernières syllabes, néanmoins, reproduisent exactement, mais transposée à la quinte, la formule entendue à plusieurs reprises : un podatus épisémé (Mi-Fa au lieu de La-Si) et deux punctums dont le dernier est pointé, sur le Ré (au lieu du Sol). La formule est identique mais les intervalles ne le sont pas : un demi-ton sur le podatus et une tierce mineure avant la cadence, là où on n’avait que des tons pleins, au grave. Cette cadence est donc moins ferme, plus douce, malgré sa hauteur.

L’avant-dernier Kyrie attaque lui aussi directement sur le Ré, joue sur les trois cordes Ré, Do et Mi, avant de redescendre vers le Sol et retrouver la formule habituelle de eléison. Ce Kyrie est donc plus piano que le précédent, en contraste avec lui.

Enfin, le dernier Kyrie reprend la formule à l’aigu, de façon identique, se pose sur le Ré, puis renouvelle en crescendo la même mélodie très aérienne, avant de redescendre finalement vers le grave en reprenant la formule de l’avant-dernier Kyrie, aboutissant à la cadence finale de eléison.

Ce Kyrie du mode de Sol est un peu mystérieux dans sa première partie, très joyeux dans sa seconde partie, très ferme dans son ensemble.

 

Pour écouter : 

 

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Un moine de Triors

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