La réparation comme démarche spirituelle

Publié le 15 Mai 2024
réparation France sacré cœur roi

Vitrail de l'église Saint-Jean-Baptiste (Dammartin-en-Goele)

À l’occasion du 350e anniversaire des apparitions du Sacré Cœur de Paray-le-Monial, le Pape a prononcé quelques mots lors du colloque « Réparer l’irréparable », organisé le 4 mai dernier au Vatican. 

 

Un groupe conduit par Mgr Rivière, dans le cadre du 350e anniversaire des apparitions du Sacré Cœur, a été reçu par le Pape qui a réfléchi avec lui, le 4 mai dernier, sur le thème du Congrès : « Réparer l’irréparable ». L’expression elle-même est de Paul VI, qui avait parlé sur ce thème lors de l’audience générale du 7 avril 1971.

Nous sommes heureux de pouvoir commenter ce texte car, dans de nombreux milieux prétendus catholiques, la notion même de réparation est obsolète, comme s’opposant soi-disant à la miséricorde. Cette notion est pourtant scripturaire, comme le rappelle le Pape au début de son allocution. Dans l’Ancien Testament, la réparation prend une dimension sociale de dédommagement pour le mal commis. On était encore dans le cadre de la loi du talion. Par contre, dans le Nouveau Testament, la réparation apparaît bien comme une démarche spirituelle toujours en lien avec la Rédemption apportée par le Christ.

Avec le péché originel en effet, l’irréparable a été commis. Mais Dieu n’a pas dit son dernier mot. Le renvoi de nos premiers parents du Paradis s’achève par une note d’espérance. Tout n’est pas perdu : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Elle t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon. » C’est le fameux Protévangile.

Jésus est venu en ce monde pour guérir, c’est-à-dire pour nous racheter (Mt 8, 7 ; He 10, 6-7). Jésus annonce l’impensable réalité qu’il apporte à l’humanité. Il est venu et il a réparé l’irréparable par la Rédemption opérée dans le mystère pascal qu’il a accompli, lui qui, comme l’écrit saint Paul, « a été immolé pour nos fautes et ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25). Par son sacrifice, Jésus a vraiment été victime pour chacun de nous. De ce fait, la miséricorde et l’amour gouvernent toute la religion chrétienne.

Cela n’exclut pas pour autant toute réparation. Comme l’écrivait Pie XI, dans son encyclique Miserentissimus Redemptor, sur le culte réparateur du Sacré Cœur : « La surabondante Rédemption du Christ nous a fait remise de toutes nos fautes. Cependant, par une admirable disposition de la Sagesse divine, nous devons compléter dans notre chair ce qui manque à la Passion du Christ, pour son corps qui est l’Église. En conséquence, aux louanges et aux réparations dont le Christ s’est acquitté envers Dieu au nom des pécheurs, pouvons-nous et même devons-nous ajouter encore nos louanges et nos réparations. »

Mais il faut aussi voir le côté positif de la réparation. Avec Jésus, nous avons la certitude que toute blessure, même la plus énorme, peut être guérie Même si la réparation apparaît impossible, elle est possible depuis le Christ, à condition de vouloir réparer, en posant concrètement des actes de pardon en vue de la restauration de la paix du cœur et des relations fraternelles brisées par le péché.

Pour cela, deux choses sont absolument nécessaires. Il faut tout d’abord se reconnaître fautif, s’accuser de son péché dans le sacrement de la réconciliation. Seul le cœur vraiment contrit peut être guéri par le sang du Seigneur. N’oublions jamais que c’est du tort causé à notre frère et du sentiment profond et vrai que la charité et l’Amour ont été blessés, que naît le désir de réparer. Ce désir de réparation se traduit par la demande de pardon. Demander pardon permet de rouvrir le dialogue, qui permet de renouer les liens d’une vraie charité fraternelle.

Dire que Jésus a réparé l’irréparable, signifie que nous pouvons toujours à notre tour renouer avec la vie de la grâce. C’est pour cela que Jésus demanda des actes de réparation à son Sacré Cœur, offensé par nos péchés. C’est dans ce sens aussi que saint Francisco Marto offrait tout pour consoler Jésus, laissant à Jacinta le soin d’offrir et de réparer pour les pécheurs. Fatima est bien le prolongement de Paray-le- Monial.

 

>> à lire également : Notre quinzaine : Catholiques, un point c’est tout !

 

Un moine de Triors

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