« Je désire que (…) le chant grégorien, en tant que chant propre de la liturgie romaine, soit valorisé de manière appropriée. » (Sacramentum caritatis). Afin de répondre à ce souhait de Benoît XVI, cette nouvelle chronique, en donnant un descriptif de la mélodie de quelques pièces, permettra de mieux s’approprier la grande richesse du répertoire grégorien.
Provenant d’un manuscrit aquitain du XIe siècle, la mélodie paisible du premier mode unit, dans sa ligne pure aux belles voûtes rondes, les deux sentiments qui émanent du mystère célébré : l’admiration et la douceur. Aux élans d’émerveillement (1,2,3) qui conduisent le chant vers les notes supérieures et demeurent comme suspendus dans une sorte d’extase (*), succède une courbe parfaite (*), légère et grave, toujours la même, pleine de recueillement et d’intimité, qui exprime au mieux le mouvement d’intériorisation propre au chant grégorien. L’ordonnance ternaire de ces envols sereins et de cette retombée unique suggère une interprétation trinitaire de ce chant de louange, comme si l’Église, en contemplant le privilège insigne, entendait manifester l’adoration de la Vierge accueillant sa grâce singulière de l’action de chacune des trois Personnes divines. Il est significatif que cette mélodie culmine sur le deuxième élan (O), comme pour montrer que sa conception immaculée place Marie dans une relation toute particulière avec la deuxième Personne de la Sainte Trinité. C’est du grand art et pourtant c’est tout simple et délicat. Chantons dans le plus absolu legato et avec beaucoup de légèreté cet alléluia sans éclat mais plein d’amour et de vie. C’est Notre Dame elle-même qui le chante, l’Église se réservant le verset, inspiré du Cantique des cantiques (4, 7) : « Tota pulchra es Maria, et macula originalis non est in te – Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tache originelle n’est pas en vous ».
Un moine de Triors