À l’occasion de l’Angelus du 11 août, le Pape a commenté l’Évangile du pain de vie, condamnant le murmure et la présomption, qui mènent inévitablement à la critique et la médisance, et endurcissent le cœur.
Le Pape commente, lors de la récitation de l’angélus du 11 août, le passage du discours sur le pain de vie qui montre la réaction des Juifs face à une affirmation de Jésus qu’ils jugent blasphématoire, à savoir qu’il est « le pain vivant descendu du ciel ». Devant ce qui est pour eux un scandale, les Juifs murmurent : « Nous le connaissons bien ! Nous avons vécu avec lui, nous avons été élevés côte à côte, nous savons qu’il est le fils de Joseph; nous connaissons son père et sa mère… Comment donc ose-t-il dire : Je suis descendu du ciel ? »
Les murmures des Juifs ne portent pas ici sur l’Eucharistie. Dans la promesse et l’annonce de ce grand mystère de la foi, Jésus procède, en effet, avec une prudence divine. Jusqu’ici, il n’a fait encore que préparer la promesse de l’Eucharistie. La critique et les murmures des Juifs s’élèvent donc contre le Seigneur Lui-même et contre l’autorité présomptueuse qu’il semble se décerner en disant : « Je suis venu du ciel », alors que tous se persuadent connaître son origine bien terrestre.
En grand maître spirituel, le Pape tire de ce passage une recommandation qui vaut pour tous. Il ne faut jamais murmurer ni s’assombrir, surtout pour des questions qui généralement n’en valent pas la peine. Avant tout, disait déjà saint Benoît, il faut toujours s’abstenir des murmures et des protestations, même purement secrètes. C’est en effet la pire des dispositions. Le murmurateur, dont le patron, selon dom Delatte, est le prophète Jonas, qui ne cessa de murmurer depuis le refus de prêcher la conversion à Ninive, jusqu’à l’épisode du ricin, se montre toujours difficile, critique et médisant.
Au mal du murmure, le Pape ajoute celui de la présomption et des idées préconçues. Si le murmure est le péché de Judas, la présomption est celui de Pierre et on sait jusqu’où tous les deux sont parvenus. Les vrais chrétiens ne murmurent jamais dans l’adversité, pas plus qu’ils ne sont ingrats dans la prospérité, mais ils sont toujours remplis de confiance en Dieu, obéissant toujours à sa sainte volonté et se reposent sur l’unique Nécessaire, disant avec sainte Thérèse d’Avila : « Dieu seul suffit ! »
Tous ces vices si bien dénoncés par le Pape nous causent beaucoup de tort. Ne disons jamais que nous ne sommes pas concernés par eux. La présomption particulièrement rompt tout dialogue et cantonne dans une autosatisfaction pharisaïque. Avec les idées préconçues, elle glace l’âme en mettant des étiquettes sur autrui, étiquette que le prochain ne pourra jamais enlever.
Car ne nous y trompons pas. Comme le pharisien de la parabole, les Juifs qui murmurent contre Jésus sont de grands observateurs de la Loi. Non seulement ils ne se reconnaissent pas pécheurs, mais ils sont sûrs d’eux, ils ont le cœur glacé et non liquide comme l’est toujours celui des saints. Certes, ils accomplissent bien les pratiques religieuses, mais ils le font sans amour, sans écoute aussi. Ces pratiques les rendent autosuffisants à leurs propres yeux, car ils y voient la confirmation de leur pensée. Ainsi, se ferment-ils à la Parole de Dieu qu’ils ne cherchent pas à découvrir et à écouter dans le silence de leur âme.
Blottis dans la tour d’ivoire de leur orgueil, ils refusent d’écouter et de comprendre Ils s’enferment dans leur forteresse impénétrable et ferment leur cœur, en se rassurant les uns les autres. La fermeture de leur cœur les empêche donc de croire en Jésus. Faisons donc très attention à ne pas fermer ni endurcir notre cœur.
Demandons à Marie, la Reine de l’écoute et du silence intérieur, de nous rendre capables d’écouter vraiment Dieu, d’écouter dans la foi la voix de Notre Seigneur, pour pouvoir toujours accomplir avec courage sa sainte volonté.
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