Ce qui est probablement le dernier épisode d’une tragédie des années cinquante vient de remettre les projecteurs médiatiques sur la fin édifiante d’un voyou repenti mort sur l’échafaud. Mais pas assez repenti pour la justice française…
Le 6 juin 2024, la Cour de cassation s’est penchée sur une demande inédite : celle du rétablissement de l’honneur de Jacques Fesch, condamné à mort et guillotiné le 1er octobre 1957 pour le meurtre d’un policier. Cette demande, formulée par son fils Gérard, s’appuyait sur une loi de 2020 qui permet désormais aux ayants droit d’un condamné à mort exécuté de solliciter ce rétablissement, si des preuves d’amendement sont apportées. La décision finale, rendue le 15 octobre 2024, a rejeté cette requête, soulignant « l’insuffisance des gages d’amendement avant l’exécution ».
Meurtrier par panique
Jacques Fesch, né en 1930 dans une famille aisée, fils d’un directeur de banque belge, a vu sa vie basculer à 23 ans. En février 1954, pour financer son rêve d’achat d’un voilier et fuir une existence sans but, il braque un bureau de change à Paris. Pris de panique lors de sa fuite, il tue le gardien de la paix Jean-Baptiste Vergne, veuf et père d’une petite fille de 4 ans. Arrêté peu après, Fesch reconnaît les faits et est jugé en avril 1957. Le 6 avril, jour de ses 27 ans, il est condamné à la peine de mort. L’affaire Fesch s’est rapidement distinguée par la personnalité de l’accusé et l’ampleur de l’émotion médiatique qu’elle a suscitée. Issu d’un milieu bourgeois, Jacques Fesch représentait pour beaucoup le stéréotype du « blouson doré », cette jeunesse désœuvrée et aisée des années 50. En prison, Jacques Fesch connut une profonde conversion religieuse. Initialement athée et méprisant envers toute autorité spirituelle, il fut progressivement marqué par les lectures que lui apportaient son avocat Paul Baudet et l’aumônier de la prison, le père Jean Devoyod. Cette conversion atteignit son apogée dans la nuit du 28 février 1955, dans un moment de grâce intérieure. Il entretint alors une correspondance intense avec des religieux, notamment un moine, le frère Thomas, et rédigea un journal destiné à sa fille Véronique, âgée de 6 ans. Ce journal, publié après sa mort sous le titre Dans cinq heures, je verrai Jésus, témoigne de son profond repentir et de sa foi naissante.
Des éléments insuffisants pour la justice
Malgré ce cheminement spirituel, la justice n’a pas été convaincue. Le 15…