Les Béatitudes : « Carte d’identité » du chrétien

Publié le 13 Nov 2024
béatitudes

Frise des Béatitudes, Basilique de Lisieux © Patrick, CC BY-SA 2.0.jpg

Le 1er novembre, le Pape s’est exprimé lors de la récitation de l’angélus, définissant les Béatitudes comme « carte d’identité » du chrétien et chemin de sainteté.

 

Le jour de la Toussaint, la liturgie nous fait entendre le célèbre passage du discours de la montagne transmis par saint Mathieu : les Béatitudes. Il s’agit d’un des points-clés du message évangélique, un de ses textes les plus émouvants et révolutionnaires, de la vraie révolution qui est celle de l’amour. Beaucoup lisent ce texte, véritable charte du commandement nouveau de la Loi nouvelle, quand ils font leur examen de conscience.

Mais ce texte reste paradoxal. Qui, dans l’histoire, aurait jamais osé proclamer bienheureux les pauvres d’esprit, les affligés, les pacifiques, les affamés et assoiffés de justice, les miséricordieux, les gens au cœur pur, les artisans de paix, les persécutés, les insultés (cf. Mt 5, 1-12) ? Ces paroles semées au milieu d’une société fondée sur la force, sur la puissance, sur la richesse, sur la violence, sur les abus, pouvaient être interprétées comme un programme de lâcheté, d’aboulie, indigne de l’homme.

Au contraire, elles furent la proclamation de la nouvelle civilisation de l’amour dont a parlé saint Paul VI ; celle-ci naissait sur des valeurs que l’intelligence obtuse de l’homme intéressé uniquement par la terre et par la fascination de la bagatelle, méconnaissait et dédaignait, mais qui, dans le dessein amoureux de Dieu, étaient des instruments de rédemption, de libération et de salut.

C’étaient ces valeurs, analysées par un saint Paul émerveillé, qui avait fait dans sa propre personne l’expérience de la méthode divine si éloignée de la logique humaine : « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre la force ; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi ; et ce qui est rien, pour réduire à rien ce qui est. » (1 Co 1, 27-28).

Les pauvres, les affligés, les pacifiques, les miséricordieux, les artisans de paix furent les destinataires privilégiés du message de Jésus et les bénéficiaires de la grâce de Dieu.

Le don d’une vie sainte

Ce passage nous invite tous à devenir des saints, c’est-à-dire à réaliser pleinement ce que nous sommes déjà, ayant été élevés par le baptême, en Jésus Christ, à la dignité de fils adoptifs de Dieu. Nous sommes fils dans le Fils et nous devrions tous vivre dans une parfaite fidélité et loyauté aux promesses de notre baptême.

Mais hélas ! Si l’Église, le jour de la Toussaint, fête sa dignité de mère des saints et d’image de la Cité céleste, si elle manifeste en ce jour sa beauté d’épouse immaculée du Christ, source et modèle de toute sainteté, elle ne manque pourtant pas de fils contestataires et rebelles. Mais c’est dans les saints qu’elle reconnaît ses traits caractéristiques, et c’est précisément en eux qu’elle goûte sa joie la plus profonde.

Les Béatitudes sont notre carte d’identité. Alors, marchons allègrement sur la route de la sainteté. Saint Jean-Paul II aimait à dire : « Soyez des saints et rapidement. » Et Jésus nous a montré ce chemin étroit au commencement, mais qui se transforme en chemin de gloire. Imiter et suivre Jésus est en effet pour nous à la fois le don de Dieu et la réponse. Avec lui nous pouvons par le don de la grâce devenir saints, mais à la condition de lui répondre oui.

Il y a beaucoup de saints aujourd’hui, canonisés ou pas, sans quoi le monde s’écroulerait. Le Pape cite saint Maximilien, sainte Teresa de Calcutta et tous « les saints de la porte d’à-côté ».

Alors, posons-nous avec le Pape les bonnes questions et demandons à Marie de dire à sa suite notre Fiat : Est que je demande à Dieu dans la prière le don d’une vie sainte ? Est-ce que je me laisse guider par le Saint-Esprit. Est-ce que je pratique les Béatitudes partout et toujours ? 

Que Marie l’Immaculée nous aide à faire de notre vie un chemin de sainteté.

 

>> à lire également : Le Synode ouvre-t-il la voie à l’ordination diaconale de femmes ? 

 

Un moine de Triors

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Séquence Veni Sancte Spíritus (Pentecôte)

La séquence Veni Sancte Spiritus est l’œuvre d’Étienne Langton, archevêque de Cantorbéry, qui l’a composée vers l’an 1200. C’est une prière absolument merveilleuse et complète, qui chante, en 1er mode, dans un climat de paix et d'amour, l'événement intérieur de la Pentecôte, source vive et profonde destiné à jaillir à la surface de l'histoire en un élan missionnaire sans limites et sans frein.

+

veni sancte spiritus grégorien séquence
À la uneÉgliseÉglise de France

Tradition, Chrétienté, Mission (4/4) | La Tradition : un acte de foi

DOSSIER « Tradition, Chrétienté, Mission : Les piliers d’un pèlerinage en plein essor » | À la tête de la formation de « Notre-Dame de Chrétienté », Isabelle Piot expose les principes qui guident la transmission de la foi au sein de l’association. Entre rigueur doctrinale, attachement liturgique et sens du discernement, elle rappelle que la fidélité à la Tradition n’est pas une affaire de goût mais un acte profondément enraciné dans la foi de l’Église. Entretien.

+

tradition Notre-Dame de Chrétienté
À la uneÉgliseÉglise de France

Tradition, Chrétienté, Mission (3/4) | La formation au service de l’accueil missionnaire

DOSSIER : « Tradition, Chrétienté, Mission : Les piliers d’un pèlerinage en plein essor » | Responsable des pèlerins et des chefs de chapitre, Étienne Touraille revient sur l’exigence propre à « Notre-Dame de Chrétienté » : offrir à chacun un accueil fraternel, une formation doctrinale solide, et une expérience vivante de l’Église. Une œuvre missionnaire qui commence bien avant la Pentecôte. Entretien avec Étienne Touraille, directeur des pèlerins de « Notre-Dame de Chrétienté ». 

+

Notre-Dame de Chrétienté
À la uneÉgliseLiturgie

La joie de l’Ascension

L’esprit de la liturgie | Privation nécessaire pour recevoir l’Esprit Saint, l’Ascension du Christ fut pour les Apôtres une joie mêlée de tristesse. Celle-ci se reflète dans la liturgie. L’attente du Paraclet promis par le Sauveur doit se faire ensuite dans la prière pour toute l’Église.

+

ascension
ÉgliseSpiritualité

L’espérance du semeur

Parole du Pape | Le 21 mai, Léon XIV a repris le Cycle de catéchèse entamé par le pape François pour le Jubilé : II. La vie de Jésus. Les paraboles 6. Le semeur. Il leur dit beaucoup de choses en paraboles (Mt 13,3a). Les audiences de la partie I portaient sur "L'enfance de Jésus".

+

parabole du semeur
À la uneÉgliseÉglise de France

Tradition, Chrétienté, Mission (2/4) | Le pèlerinage de Chartres : « Pour que chrétienté continue »

DOSSIER : « Tradition, Chrétienté, Mission : Les piliers d’un pèlerinage en plein essor » | Depuis plus de quarante ans, le pèlerinage de « Notre-Dame de Chrétienté » marche dans les pas de Péguy et des bâtisseurs d’une France catholique. Contre vents médiatiques et incompréhensions ecclésiastiques, il rappelle que le règne du Christ s’étend aussi aux sociétés. 

+

Notre-Dame de Chrétienté