On la croyait disparue, mais la lèpre sévit toujours. La Croix (25 mai 2021) évoque à ce sujet l’existence de 2,8 millions de lépreux dans le monde.
« Si on a parfois tendance à croire cette maladie disparue, c’est en partie dû à un malentendu », explique le professeur Antoine Mahé, dermatologue et vénérologue à l’hôpital Pasteur de Colmar. « À la fin du XXe siècle, un gros effort d’élimination de la lèpre en tant que problème de santé publique a été fait par l’OMS. Il s’agissait non pas de l’éradiquer, mais de faire baisser sa prévalence à 1 pour 10 000 à l’échelle mondiale. L’objectif atteint, cette pathologie a été reléguée à la périphérie, bien qu’il en reste des foyers importants dans certains pays », résume le médecin, rédacteur en chef du Bulletin de l’association des léprologues de langue française. (…)
S’il n’existe toujours pas de test fiable pour la diagnostiquer ni de vaccin pour la prévenir, l’arsenal thérapeutique s’est étoffé. Depuis le début des années 1980, une polychimiothérapie alliant trois antibiotiques (dapsone, rifampicine et clofazimine), permet de guérir en six à douze mois. « C’est efficace dans 99,9 % des cas, affirme le professeur Francis Chaise. Encore faut-il y avoir accès aux médicaments et être en mesure de les prendre correctement, ce qui n’est pas évident quand on habite dans un village d’Afrique ou d’Asie, sans dispensaire à proximité. » (…)
Ces dernières années, c’est probablement sur le front de la contagiosité que les progrès sont le plus impressionnants. « Contrairement aux idées reçues, la lèpre (qui se transmet par des gouttelettes du nez ou de la bouche, NDLR) est une maladie assez peu contagieuse et souvent circonscrite au cercle familial », souligne le professeur Mahé. Mais elle présente une difficulté majeure : sa durée d’incubation très longue, qui peut aller jusqu’à vingt ans chez certaines personnes. Autant d’années durant lesquelles le malade infecte son entourage…