La presse se délecte à parler du rapport de la Commission Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique en France, rendu public ce mardi 5 octobre 2021. Libération, qui n’a toujours pas fait repentance de son encouragement à une vie sexuelle avec les jeunes, distillé dans ses colonnes pendant les années 1970, est en tête dans ce rôle. De son côté, L’Humanité consacre un article à un scandale financier d’ampleur mondiale, auquel le quotidien communiste – qui n’a toujours pas fait repentance des crimes mondiaux du marxisme-léninisme – consacre sa Une.
Joliment baptisée « Pandora Papers », une nouvelle enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (Icij) vient révéler l’ampleur de la fraude fiscale et le degré de corruption de certaines personnalités membres de l’élite politique mondiale, voire de certains chefs d’État en exercice. Elle atteint la bagatelle de 11 300 milliards de dollars (9 400 milliards d’euros). Les individus haut placés pris en flagrant délit les ont fait « prospérer » dans une myriade de sociétés offshore, basées dans des paradis fiscaux.
Les enquêteurs de l’Icij ont épluché quelque 11,9 millions de documents. Ils pointent comment 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan ont triché pour parvenir à leurs fins lucratives. (…) Les îles Vierges britanniques se taillent la part du lion dans cette affaire, puisqu’elles sont à l’origine des deux tiers des montages d’optimisations de la fortune de tous ces grands personnages publics.
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Au-delà de la ribambelle de personnages politiques sortis de la boîte de Pandora, l’un des mérites de cette dernière enquête en date est de révéler l’expansion et la banalisation des paradis fiscaux. Il apparaît, en effet, que ces derniers ont pu étendre leur périmètre d’activité bien au-delà des sphères traditionnelles, des Caraïbes au Luxembourg. De nouveaux flibustiers de la fraude fiscale sont venus s’ajouter aux champions d’un secteur déjà très fourni. Au sein de l’hyperpuissance mondiale, l’État du Dakota du Sud accueille ainsi depuis peu des fonds considérables venus de l’étranger au sein de sociétés-écrans en leur garantissant l’opacité la plus totale.
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En fait, la plaie de la fraude fiscale n’est béante et hideuse que parce qu’elle bénéficie d’un environnement systémique des plus favorables. La financiarisation des économies encouragée, impulsée ces dernières années par les grandes puissances, et singulièrement par Washington et Wall Street, a débouché sur un mode de régulation de la sphère capitaliste dont la caractéristique essentielle est d’ouvrir toujours davantage de possibilités aux fraudeurs et autres optimiseurs de gros magots.
« Au cours des 40 dernières années, l’industrie financière a pris un pouvoir considérable sur le reste de la sphère économique », relevait en 2020 un observateur allemand très en vue, longtemps membre de l’institut Ifo de conjoncture d’inspiration plutôt libérale. Cette évolution a été portée par un « assouplissement » des règles et des contrôles publics qui a démultiplié les possibilités de pratiquer les placements les plus lucratifs, assorti des moyens de leur faire éviter ou contourner les impôts et les taxes.
Tout a été subordonné aux résultats de la Bourse. Sans que les placements encouragés soient le plus souvent reliés au monde réel. Et ce sont les plus grosses sociétés d’investissement, comme l’États-Unien BlackRock, qui ont ainsi pu acquérir des pouvoirs d’influences nouveaux jusque dans les régulations, souvent codécidées avec la puissance publique. Elles ont pu ainsi lancer des produits au rendement exceptionnel. Nourrissant ce faisant une boursouflure financière mondiale au diamètre de plus en plus menaçant.