La Pologne est actuellement au cœur de l’actualité européenne. En raison du bras-de-fer de Varsovie avec les instances de l’Union européenne mais aussi parce que ce petit pays subit un afflux important d’immigrés illégaux comme le rapporte le quotidien Présent (8 novembre 2021). Un afflux qui ne doit rien au hasard.
Plus de 30 000 tentatives de passage illégal de la frontière depuis le début de l’année, dont plus de 3 500 en août, près de 7 700 en septembre et près de 17 300 en octobre : l’assaut migratoire lancé par la Biélorussie d’Alexandre Loukachenko contre la Pologne s’intensifie de mois en mois. Ce début de mois de novembre est en outre marqué par plusieurs provocations par des membres des services biélorusses armés et en uniforme pointant leurs armes ou tirant avec un pistolet lance-fusées en direction des militaires polonais. Des provocations que le vice-ministre de l’Intérieur polonais explique par les problèmes qu’ont maintenant les Biélorusses avec ces foules d’immigrants d’Irak (principalement) et du Moyen-Orient qu’ils ont fait venir pour les emmener ensuite aux frontières avec la Pologne et les pays Baltes.
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Officiellement, tous ces immigrants viennent en Biélorussie en tant que touristes grâce à la multiplication des liaisons assurées par la compagnie aérienne Belavia et l’activité d’une agence de voyages biélorusse étroitement liée au pouvoir. Parmi les immigrants illégaux qui arrivent à passer et sont arrêtés en Pologne, la moitié environ ont encore des papiers sur eux et ce sont quasiment tous des Irakiens. Comme pour les vagues précédentes, il y a très peu de femmes et d’enfants parmi ces immigrants, ce sont principalement des hommes jeunes et en bonne santé. De plus en plus souvent, des groupes de ces jeunes hommes en âge d’être militaires assistés par les gardes-frontières biélorusses cherchent à pénétrer en force sur le territoire de l’Union européenne, et la garde frontalière polonaise publie régulièrement des images de ces assauts de dizaines de « migrants » armés de pierres et de bâtons.
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Pour stopper l’action de Minsk, le 29 octobre le Parlement polonais a définitivement adopté une loi autorisant la construction d’une barrière frontalière qui consistera en une clôture rigide de cinq mètres de haut, surmontée de barbelés, avec des systèmes de détection de mouvements pour alerter les autorités en cas de tentative d’effraction. Le coût de cette clôture anti-migrants devrait s’élever à 1,6 milliard de zlotys, soit environ 350 millions d’euros. Il n’y aura aucun financement européen pour cet investissement, même si officiellement Bruxelles soutient Varsovie dans cette affaire, tout en multipliant les sanctions financières à l’encontre de la Pologne pour les questions qui ne relèvent pas des compétences de l’UE puisqu’elles sont liées aux réformes polonaises de la justice.