> L’Essentiel de Thibaud Collin
Le pape François est retourné à Dieu dans la lumière de Pâques. Si l’histoire seule pourra pleinement révéler la portée de son pontificat, il est possible d’en esquisser dès maintenant les lignes de force : une Église en sortie, un style pastoral marqué, mais aussi des tensions durables et une polarisation inédite.
Le pape François a donc rendu son âme au Père dans la lumière pascale. Il n’est pas facile pour un simple fidèle laïc de prétendre faire le bilan d’un pontificat. Qui est-il pour s’ériger en juge de la manière dont un pape a discerné ce qu’il pensait devoir faire sous la conduite de Dieu pour gouverner l’Église ? En effet, celle-ci est d’abord une réalité surnaturelle fondée sur le Christ et animée par l’Esprit Saint. Il faut se méfier des jugements appliquant des critères trop mondains pour apprécier un devenir théologal qui se déploie dans le temps long. Ce n’est souvent qu’après coup que la vraie physionomie d’un pontificat apparaît pleinement. Il n’en demeure pas moins que, conscient de toutes ses contraintes et limites, il n’est pas interdit ni même absurde de chercher à dégager, à chaud, les grandes lignes du pontificat qui vient de s’achever. Somme toute, c’est ce que les cardinaux réunis en congrégation ces jours-ci font car il ne faut jamais oublier que si Dieu conduit son Église, Il ne court-circuite pas les causes secondes que sont les libertés humaines. Le gouvernement de l’Église relève aussi de la prudence et tout acte ou toute parole d’un pape n’est pas à considérer comme indiscutable car immédiatement déterminée par Dieu lui-même. Dieu passe par l’épaisseur des médiations humaines, à savoir culturelles, sociales et psychologiques.
« L’attention aux pauvres et aux petits, le sens aigu de l’injustice, la simplicité dans l’expression de la foi, tout cela, et bien d’autres choses, a structuré les paroles et les actes du défunt Pape. »
Une conduite influencée par son origine
La manière dont le pape François a conduit l’Église a été façonnée par ces médiations. Il était argentin, fils d’émigrés italiens, et jésuite. Il ne s’agit pas d’affirmer que tout son pontificat est une simple déduction de ces deux qualités ; il s’agit de saisir en quoi cela explique les points forts et les points faibles de son pontificat. L’Église latino-américaine a un fort enracinement populaire, ce qui a été au cœur du style…