Abbé de Solesmes : L’Église a-t-elle renoncé à la doctrine de Quas Primas ?

Publié le 04 Mai 2025
quas primas église
> Enquête Quas Primas
Pour le Révérend Père Geoffroy Kemlin, Père abbé de Saint-Pierre de Solesmes, l’encyclique Quas Primas de Pie XI se contente d’instituer une fête du Christ-Roi. Il prend acte positivement du pluralisme religieux des sociétés modernes pour affirmer la nécessité de la liberté religieuse tout en estimant qu’il n’y a pas rupture avec l’enseignement antérieur.

  Inutile de tourner autour du pot : oui, c’est vrai, certains passages de l’encyclique Quas Primas, publiée le 11 décembre 1925, ne paraissent plus très en phase avec l’enseignement et la vie de l’Église aujourd’hui. Citons par exemple la fin du n. 13 (1) : « Les chefs d’État ne sauraient donc refuser de rendre – en leur nom personnel, et avec tout leur peuple – des hommages publics, de respect et de soumission à la souveraineté du Christ. » Ou encore le n. 21 : « les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public ».

Une saine laïcité ?

Aujourd’hui, au nom de la liberté religieuse, l’Église n’exige plus des gouvernants qu’ils rendent un culte public au Christ. Le 15 décembre dernier, à Ajaccio, le pape François a longuement cité Benoît XVI :

« Une saine laïcité signifie “libérer la croyance du poids de la politique et enrichir la politique par les apports de la croyance, en maintenant la nécessaire distance, la claire distinction et l’indispensable collaboration entre les deux. […] Une telle saine laïcité garantit à la politique d’opérer sans instrumentaliser la religion, et à la religion de vivre librement sans s’alourdir du politique dicté par l’intérêt, et quelquefois peu conforme, voire même contraire, à la croyance. C’est pourquoi la saine laïcité (unité-distinction) est nécessaire, et même indispensable aux deux” (exhortation apostolique postsynodale Ecclesia in Medio Oriente, n. 29). »

Le R.P. Louis-Marie de Blignières a bien montré que la doctrine sur la liberté religieuse exposée dans Dignitatis Humanae et le magistère subséquent ne s’opposent pas à la doctrine de Quas Primas. Dans un article publié sur Internet, il écrit :

« Dans une société qui ne jouit pas de l’unité de croyance dans la foi catholique, la loi divine exige que les chrétiens (et les hommes de bonne volonté) aient le souci de travailler à ce que la société civile honore la loi naturelle et qu’elle donne à l’Église…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Révérend Père Geoffroy Kemlin | Abbé de Saint-Pierre de Solesmes

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Sanctus 10, Alme Pater (Fêtes de la Sainte Vierge)

À la différence de tous les autres, ce Sanctus est de composition récente. C’est le seul dont on connaît l’auteur, et il s’agit de Dom Pothier, l’une des figures majeures de la restauration du chant grégorien par Solesmes au XIXe siècle. Dom Pothier a fait appel à une mélodie d’un trope du XIe siècle, et l’a insérée dans la deuxième partie du Sanctus.

+

agnus dei sanctus rex génitor kyrie gloria
À la uneÉgliseFrançois

François, un pontificat sous tension

L'Essentiel de Thibaud Collin | Le pape François est retourné à Dieu dans la lumière de Pâques. Si l’histoire seule pourra pleinement révéler la portée de son pontificat, il est possible d’en esquisser dès maintenant les lignes de force : une Église en sortie, un style pastoral marqué, mais aussi des tensions durables et une polarisation inédite.

+

pontificat François
À la uneÉditorialFrançois

Notre quinzaine : que demandez-vous à Dieu ?  

Éditorial de Philippe Maxence | La nouvelle du décès de François n’a surpris personne. Depuis plusieurs mois, nous savions qu’il était malade et qu’il pouvait, d’un moment à l’autre, rendre son âme à Dieu. En attendant de pouvoir en faire un bilan, nous devons d’abord prier pour le repos de l’âme de François ainsi que pour l'Église.

+

dieu