> Carte blanche de Judith Cabaud
Ce n’est un secret pour personne : nous vivons sous le règne de l’argent depuis le commencement du monde. Seuls quelques rares individus, en dehors des personnages bibliques, ont œuvré pour redresser l’équilibre entre la matière et l’esprit, en soulignant la valeur de l’esprit. Tel fut l’homme au cœur pur, Charles Péguy, né dans une France ouvrière et paysanne, au XIXe siècle, qui dénonça une certaine bourgeoisie qui fit du travail de l’homme, un esclavage coté en Bourse. Idéaliste et utopique, Péguy, écrivain et poète, élevé dans l’anticléricalisme socialiste de son temps, crut à la valeur de la famille, au travail bien fait et à la patrie pour laquelle il donna sa vie. Son métier d’enseignant, de journaliste et de poète fut marqué par la pauvreté. Ayant ouvert une librairie avec sa femme, il créa les Cahiers de la quinzaine où il voulut que les écrivains puissent s’exprimer librement. Son entreprise fit faillite ; un seul de ses propres ouvrages fut publié de son vivant.
« Quand on s’applique à ne mécontenter personne, on tombe dans le système de ces énormes revues qui perdent des millions ou qui en gagnent (…). Nous sommes ici des catholiques qui ne trichent pas, des protestants qui ne trichent pas, des juifs qui ne trichent pas. (…) C’est pour ça que nous sommes si peu de catholiques, si peu de protestants, si peu de juifs (…). »
Il définit le monde moderne de son époque : « Choisir le plaisir et l’argent, c’est se refuser au travail. C’est le règne de l’argent. » (1) Il fustigea ce modernisme qui consiste, selon lui, à « ne pas croire ce que l’on croit (…) La liberté consiste à croire ce que l’on croit et à admettre que le voisin aussi croie ce qu’il croit (…) Le modernisme est un système de complaisance. La liberté est un système de déférence (…) Le modernisme est un système de politesse, la liberté un système de respect (…) » Enfin, « le modernisme est la vertu des gens du monde, la liberté c’est la vertu du pauvre ».
Un idéal chrétien
C’est en pèlerinant vers Chartres pour demander la guérison de son fils à la Vierge Marie qu’il se convertit au catholicisme. En voyant la silhouette de la cathédrale au loin, il s’abandonna à Dieu : « Dès que je l’ai vu [le clocher], ça…