Léon XIV : l’urgence de la mission éducative

Publié le 05 Nov 2025
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Le 27 octobre dernier, le pape Léon XIV a publié une lettre apostolique, intitulée « Dessiner de nouvelles cartes d’espérance », sur la mission éducative.

 

À l’occasion du 60ᵉ anniversaire de la déclaration conciliaire Gravissimum educationis, le 28 octobre dernier, Léon XIV a promulgué une lettre apostolique, pour dessiner de nouvelles cartes de l’espérance dans le milieu éducatif. En effet, l’éducation n’est pas une activité accessoire, car elle constitue la trame même de l’évangélisation. On le constate aujourd’hui. Les communautés fidèles à la Parole du Christ résistent aux maux contemporains, car elles se laissent guider par l’Esprit Saint, sans pour autant ériger des murs.

À la suite du Concile, qui commençait sa déclaration ainsi : « L’extrême importance de l’éducation dans la vie de l’homme, et son influence toujours croissante sur le développement de la société moderne, sont, pour le saint Concile œcuménique, l’objet d’une réflexion attentive », le Pape rappelle l’urgence de l’éducation et souligne que chaque génération est responsable de l’Évangile, toujours dans la continuité et sans herméneutique de rupture.

Foi et raison

Beaucoup a été fait, depuis la déclaration, pour préserver l’unité entre la foi et la raison. Je pense en France par exemple à la fondation de l’IPC. Sans parler des écoles hors contrat, le Pape se félicite que de nombreux organismes aient su consolider ce patrimoine éducatif antérieur, sans pour autant rester figés.

Cela n’empêche pas qu’il existe un drame éducatif, surtout en France et en Europe occidentale, ainsi qu’en Amérique du Nord, en Australie et nouvelle Zélande. Cela est grave, car l’éducation est l’une des expressions les plus élevées de la charité chrétienne (n. 1.3 et Dilexi te n. 68).

Nous ne devons pas arrêter le dynamisme éducatif, car l’histoire de l’éducation est une preuve que le Saint-Esprit est à l’œuvre dans l’Église, qui est Mère et Maîtresse, selon la belle expression de saint Jean XXIII. Le Pape parcourt (n. 2) l’histoire de l’éducation en commençant par les apophtegmes des Pères du désert, en passant évidemment par saint Augustin qui sut greffer la sagesse biblique à la tradition greco latine.

La mission éducative

Il reprend ici au n. 2 les grandes idées développées déjà dans Dilexi te : l’influence des monastères et les grands saints éducateurs modernes comme Joseph Calasanz, Jean-Baptiste de la Salle, Marcel Champagnat et Jean Bosco, ainsi que les femmes Vicenza Maria Lopez y Vicuna, Françoise Xavière Cabrini, Joséphine Bakhita, Maria Montessori, Catherine Drexel et Élisabeth Seton.

Et la tradition continue ! L’éducation est une œuvre collective qui se poursuit de siècles en siècles. Le Pape cite le nouveau Docteur de l’Église et patron de la mission éducative, saint John Henry Newman qui disait que « la vérité religieuse n’était pas seulement une partie, mais une condition de la connaissance générale ». Cela n’empêche pas pour autant les nombreux obstacles comme l’illuminisme (n. 3.1).

L’apprentissage des vertus

Éduquer est un acte d’espérance et une passion qui prend soin de l’homme chercheur de vérité, mais c’est avant tout une tâche d’amour (n. 3.2). Tout homme a droit à l’éducation. Les grands principes éducatifs ne sont pas du passé, car ils ont été réaffirmés par la déclaration conciliaire, qui demeure une boussole pour notre monde contemporain (n. 4). Avec elle, nous devons mettre la personne humaine au centre. Et le rôle éducatif n’est pas seulement transmission de contenus, mais aussi et surtout apprentissage de vertus (n. 5.1).

C’est dans ce contexte d’apprentissage de vertus que le Pape rappelle le rôle primordial de la famille dans l’éducation (n. 5.3). Le principe de subsidiarité a donc un rôle primordial dans l’éducation qui se présente comme une chorégraphie (n. 6). On n’oubliera pas aussi que l’anthropologie chrétienne est le fondement du système éducatif. L’homme a été créé à l’image de Dieu et il retrouve dans la création les traces de son créateur (n. 7).

C’est pourquoi, le monde, au dire de saint Bonaventure, est un chemin, mêlé de lumière et d’obscurité, qui nous laisse apercevoir des rayons de la lumière divine. Si l’on oublie la dignité de la personne humaine, la porte est ouverte à toutes les violences et l’éducation a pour but de former les consciences à reconnaître les transcendantaux et à pratiquer la vertu individuelle et collective. On ne remplacera jamais le rôle éducatif dans la recherche de la paix, car une éducation à la paix « désarmée et désarmante » enseigne à déposer les armes et à retirer toute parole agressive (n. 7.3).

À l’ère du numérique

Cela regarde toute la constellation éducative (n. 8), car le monde éducatif catholique est une véritable constellation. Chaque étoile a sa propre luminosité, mais toutes ensemble, elles indiquent la route à suivre, tant sur le plan local que mondial. La déclaration a 60 ans et nous sommes aujourd’hui à l’époque numérique. Mais ses principes valent encore (n. 9). Ils doivent servir la personne et non pas la remplacer.

L’école et l’université catholiques ne devront jamais tomber dans la standardisation du savoir, ce qui entraînerait un grave appauvrissement spirituel. Il faut certes maintenir une certaine créativité pastorale (n. 9.2), en évitant toute technophobie, car le progrès technologique fait partie du plan de Dieu, mais il faut toujours se rappeler que rien ne pourra remplacer ce qui rend l’éducation humaine attirante, comme la poésie, l’ironie, l’humour, etc.

Ce n’est pas la technologie qui est dangereuse, c’est l’usage que l’on pourrait en faire. Il s’agit d’orienter l’intelligence artificielle vers des principes éthiques et chrétiens. Le Pape s’attarde ensuite sur l’étoile polaire du pacte éducatif (n. 10) et il donne de nouvelles cartes pour susciter l’espérance extraordinaire, en rappelant l’urgence de la mission éducative (n. 11).

Et il termine en confiant à Marie et à tous les saints éducateurs le chemin à poursuivre, pour que la constellation éducative non seulement brille à l’avenir, mais encore nous oriente tous vers la vérité qui nous rendra libres.

 

>> à lire également : Infaillibilité et synodalité

 

Un moine de Triors

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