La pause liturgique | Kyrie 13, Stelliferi Conditor orbis (Fêtes des saints)

Publié le 22 Nov 2025
kyrie communion

Messe Stelliferi Conditor orbis

 

Commentaire musical

Kyrie 13 Partition kyrie

 

Voilà un beau Kyrie du 1er mode, tout en progression intensive, du début jusqu’à la fin. Il est daté du XI siècle. Il suit un schéma en abcc’ : trois Kyrie identiques, trois Christe identiques mais avec une mélodie différente de celle des Kyrie ; deux Kyrie identiques mais originaux, et le dernier dédoublant la mélodie des deux avant-derniers Kyrie, avant une finale qui lui est propre. 

Ce 1er mode typique part du Ré, touche le Do et s’appuie sur cette corde comme sous-tonique. La mélodie ne dépasse pas le Fa. Sur les quinze notes qui la composent, on relève sept Ré, trois Do, trois Fa et deux Mi. Il faut partir piano sur ce premier Kyrie très doux, très humble, je dirais aussi volontiers très mystérieux. À peine une petite amplification sur le double Fa de eléison. Par contre, d’emblée une grande légèreté, une grande souplesse.

Les Christe montent d’un cran, et tout de suite puisque la mélodie commence directement sur le Sol, non entendu encore. Comme l’accent de Kyrie, celui de Christe est au levé, bien lancé, avec plus de chaleur. La descente mélodique redoublée, du Sol au Ré par degrés conjoints, puis du Sol au Do en omettant le Ré, donne une belle ampleur, une belle chaleur à ce passage qui nous fait arriver en douceur sur les deux notes pointées, Ré puis Do. La mélodie revient alors à celle du Kyrie sur le mot eléison.

Les deux avant-derniers Kyrie font jaillir alors un magnifique élan, très lyrique, très mystique même, que rien ne laissait vraiment prévoir. Un tout premier intervalle Ré-La, typique du 1er mode, propulse la mélodie vers un degré supérieur à ce qu’on avait entendu jusque là, le Fa pour les premiers Kyrie, le Sol pour le Christe.

Et ce La sert de tremplin pour un nouvel élan irrésistible celui-là, qui nous emmène jusqu’au Ré aigu, par un intervalle de quarte. Ce jaillissement du La au Ré a quelque chose de vraiment magnifique. Évidemment, la voix doit suivre ce mouvement mélodique, elle doit s’envoler, après l’appui ferme du début sur le Ré qui coïncide avec l’accent.

Ce qui est très beau aussi, c’est que la formule mélodique La-Ré-Do-Si Sol correspond à peu près, l’évoque en tout cas, à la formule plus humble Ré-Fa-Mi-Do du premier Kyrie, avec un intervalle plus grand, amplifié si l’on peut dire, et transposé à la quinte supérieure. Cela se confirme puisque pour le coup, la mélodie de eléison reproduit exactement celle du premier Kyrie, mais transposée à la quinte : Si-La Do-La-Sol-La-La au lieu de Mi-Ré-Fa-Ré-Do-Ré-Ré. Admirable composition qui traduit la ferveur de la supplication s’élevant vers le ciel.

Le tout dernier Kyrie reprend la mélodie de l’avant-dernier, redouble cette mélodie, en crescendo, c’est là le sommet intensif de toute la pièce, puis va rejoindre le Ré grave pour la cadence finale, de façon vraiment magnifique, dans la grande paix du 1er mode.

Cette formule finale, propre à ce dernier Kyrie, part du La puis descend majestueusement vers le Ré en faisant entendre toutes les notes intermédiaires. Le mot eléison module alors autour du Ré, avec un belle insistance sur l’accent doté d’une distropha sur le Fa. Ce merveilleux Kyrie, après un élan de toute beauté, retrouve la profonde paix du début sur sa finale.

 

>> à lire également : Dédicace de Saint-Anselme : les monastères doivent être des « écoles du service du Seigneur »

 

Un moine de Triors

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