> L’Essentiel de Joël Hauttebert
À l’approche de Noël, la fête chrétienne se voit éclipsée par un calendrier façonné par la consommation. Marchés, promotions et « magie » commerciale remplacent peu à peu le sens spirituel, révélant une société où tout devient éphémère jusque dans nos liens et nos repères.
Nous approchons de la fête de Nativité, aujourd’hui concurrencée par le marché de Noël, grand événement commercial annuel, accompagné par le « Black Friday » et d’autres remises exceptionnelles, qui précèdent de quelques semaines les soldes d’hiver, dont les dates sont déjà cochées sur les agendas de beaucoup. La société de consommation parvient plus facilement que des mesures étatiques dictatoriales à dissoudre le calendrier chrétien qui, il y a encore quelques décennies, rythmait la vie des citoyens français. À la place des fêtes religieuses, le consumérisme fixe aujourd’hui la mesure du temps et nous fait également entrer dans la temporalité des produits que nous consommons.
Moblité, changement, goût de l’éphémère…
La société de consommation de masse a engendré bien plus qu’une pratique économique. Elle façonne nos modes de vie, notre façon de penser et d’agir, notre conception du temps et de la vie. Ses caractéristiques sont bien connues, mises en évidence par des sociologues comme Jean Baudrillard (1), suivi par Gilles Lipovetsky, Zygmunt Bauman ou un penseur politique comme Marcel Gauchet. Le consumérisme engendre la mobilité, le changement, l’attrait pour l’éphémère, le goût de la nouveauté et du remplacement de ce qui pourtant fonctionne encore. Pour Zygmunt Bauman, « le consumérisme ne concerne pas l’accumulation de biens mais leur utilisation et les moyens de s’en débarrasser après usage pour faire place à d’autres biens et à leur utilisation » (2). Ainsi, la société de consommation est aussi celle du déchet, puisque la durée qui s’étend entre l’achat d’un produit et sa mise au rebut diminue, poussée par la logique économique de l’obsolescence programmée. Seules quelques marques de produits haut de gamme, qui ne sont pas pour toutes les bourses, maintiennent un savoir-faire, souvent traditionnel, et font de la durée leur principal argument de vente.
Les relations sociales affectées également
Le consumérisme distille son matérialisme dans nos esprits et nos pratiques sociales, y compris dans nos relations amicales et affectives. Zygmunt Bauman a écrit avec justesse que l’économie de marché provoque la désagrégation progressive de nos aptitudes à la sociabilité. Tout lien doit…








