Du 5 au 7 décembre dernier, partenaires, bénévoles et priants d’Hozana se sont retrouvés à Fatima pour un pèlerinage marqué par des enseignements, un hommage floral et une réflexion renouvelée sur la force de la prière. Une rencontre où la communion spirituelle a pris un visage concret.
De Lisbonne à Fatima, un départ sous le signe de la rencontre
C’est dans l’aéroport de Lisbonne que s’est ouvert le pèlerinage organisé par Hozana du 5 au 7 décembre 2025, à l’occasion du centenaire de l’apparition de décembre 1925, lorsque la Vierge demanda à sœur Lucie d’établir la dévotion réparatrice des premiers samedis du mois. Pendant trois jours, partenaires, bénévoles et priants ont partagé un temps de prière et de rencontres, réunis par la même conviction : entrer ensemble dans une œuvre spirituelle commune.
Les prénoms aperçus depuis des années dans les publications d’Hozana – Léa, Mathilde, Thomas, Inès, Louis – deviennent enfin des visages. Lisbonne sert de cadre à ce départ : ville façonnée par les azulejos et les ruelles en pente, elle porte une beauté lumineuse qui se superpose à une certaine précarité visible. C’est aussi le berceau de saint Antoine, figure majeure de l’évangélisation médiévale.
De Lisbonne, les pèlerins prennent la route vers Fatima. Le choix du sanctuaire s’inscrit dans une continuité spirituelle : au « bout » du continent, Marie est apparue à trois enfants en 1917, et un siècle plus tard, Hozana propose d’unir des millions de priants sur le « nouveau continent » numérique.
À l’arrivée, les pèlerins se rassemblent pour une messe d’ouverture célébrée par Mgr Rey avec les pèlerins de Notre-Dame Mère de la Lumière (NMDL), dans la Basilique Notre-Dame du Rosaire.
La prière, une force qui transforme
Le samedi matin, Thomas Delenda, fondateur d’Hozana, expose la raison d’être du projet : la certitude que la prière agit réellement. Il cite les Évangiles : « Tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous l’avez déjà reçu », la parabole de la veuve importune dans Luc, ou encore l’appel de Matthieu : « Demandez et l’on vous donnera. » La vie du Christ, ajoute-t-il, témoigne elle-même de cette priorité donnée à la prière : solitude au désert, nuits passées sur la montagne, reprise constante du dialogue avec le Père.
Pour lui, la prière transforme parce qu’elle configure peu à peu le croyant au Christ. « Quand on passe du temps avec quelqu’un, on finit par lui ressembler », résume-t-il. Dieu a même voulu, dit-il, associer l’homme à son œuvre par la prière : un mystère paradoxal, mais essentiel à la vie chrétienne. À Fatima, où la Vierge demande explicitement prières et sacrifices pour la conversion des âmes, cette intuition trouve un écho particulier.
Le Corps du Christ, une réalité vivante
Le lendemain, l’abbé Paul Roy (Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, Claves) approfondit cette dimension ecclésiale. L’Église, rappelle-t-il, n’est pas une structure extérieure au Christ, mais son Corps. L’Esprit Saint en est l’âme, et les baptisés des membres vivants. Chaque acte spirituel s’inscrit dans cette unité : lorsque le chrétien prie, c’est le Christ qui prie en lui ; lorsque l’un souffre, c’est tout le Corps qui participe. L’Eucharistie, explique l’abbé Roy, rend cette communion possible en unissant les fidèles à la Passion et à la Résurrection du Seigneur.
Un geste collectif : l’hommage floral Rosario
Le samedi après-midi vient le temps fort du pèlerinage : l’hommage floral Rosario. Cette procession clôt l’opération « 3 millions de roses pour Marie », menée en mai sur l’application Rosario, au cours de laquelle trois millions de dizaines de chapelets ont été récitées dans le monde. L’équipe d’Hozana avance en procession, portant une boîte contenant des milliers d’intentions de prière confiées en amont du pèlerinage.
Le cortège descend l’esplanade derrière la bannière de Rosario ornée du portrait de Pauline Jaricot, initiatrice du chapelet vivant. À quelques mètres, des pénitents avancent à genoux sur la longue allée blanche.
Le lendemain, l’abbé Matthieu Raffray (Institut du Bon Pasteur) aborde une question délicate : Dieu a-t-il besoin de nos prières pour sauver les âmes ? Il rappelle la parabole de la veuve importune : si un juge injuste finit par agir, à plus forte raison Dieu exaucera-t-il ceux qui l’invoquent. Mais il souligne aussi la difficulté théologique : la prière semble avoir un effet, alors même que Dieu ne change pas.
La pensée de saint Thomas d’Aquin éclaire ce mystère : Dieu, cause première, agit à travers des causes secondes. Il peut vouloir qu’une grâce soit donnée par l’intermédiaire de la prière d’un fidèle. L’homme ne modifie pas Dieu ; il entre dans un plan où la prière fait partie des moyens prévus par la Providence. Dès lors, celui qui ne prie pas peut effectivement manquer une grâce que Dieu avait choisi de lui accorder à travers la prière et parce que Dieu est hors du temps, il peut tenir compte de prières futures pour des événements passés, ce qui fonde notamment la prière pour les défunts.
Sur le chemin du retour vers Lisbonne, ce pèlerinage aura permis de mesurer concrètement ce que signifie prier ensemble, au-delà des distances et des écrans : une prière vécue, portée, transmise.
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