Notre quinzaine : Quels enjeux pour la nouvelle année ?

Publié le 10 Jan 2022

Jusqu’ici, les débuts d’année civile conservaient encore un air d’insouciance, dû certainement à la proximité de Noël. Au fil des an­nées, cette atmosphère si particulière s’est estompée au point qu’elle semble avoir totalement disparu.

On dira que la situation sanitaire – terme générique qui permet, avec un air entendu, de tout excuser – y est pour beaucoup. Peut-être ! J’ai tendance aussi à croire que la réduction de Noël à un simple dévergondage consumériste n’a rien arrangé. Quoi qu’il en soit, la trêve de la Nativité a été vite évacuée.

Un pas est franchi

En France, le grand sujet du moment est évidemment celui du « passe vaccinal ». Celui-ci est devenu depuis la fin de 2021 « la » solution gouvernementale pour lutter contre le fameux virus et ses variants. À l’Assemblée nationale, la discussion du projet de loi a été ralentie par des dépôts d’amendements et par les propos du président de la République dans un entretien accordé au Parisien le 5 janvier. Sa sortie sur sa stratégie qui consiste à « emmerder » (sic) les non-vaccinés a choqué. Beaucoup plus, semble-t-il, qu’un autre de ses propos, potentiellement plus inquiétant pourtant. Assimilant, sans nuance aucune, les non-vaccinés à des irresponsables, Emmanuel Macron a affirmé qu’« un irresponsable n’est plus un citoyen », reliant ainsi pour la première fois le dossier médical d’une personne à sa place dans le corps social. Une traduction hygiéniste du révolutionnaire « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

Vers le crédit social ?

La petite phrase présidentielle tend à accréditer l’idée que l’on voudrait installer en France une politique de « crédit social » à l’imitation de la Chine. Il ne s’agit pas ici de la théorie économique de Clifford Hugh Douglas visant à la mise en place d’un dividende social. La version chinoise s’apparente davantage à un permis de citoyenneté à points qui, couplé aux outils de surveillance globale et au big data, affecte une note en fonction des gestes, déclarations et activités des habitants comme des entreprises. Avec des conséquences sociales lourdes. Une note basse peut vous empêcher d’acheter un billet de train, une maison, de vous rendre au restaurant et dans les hôtels, limiter la scolarité de vos enfants… La France n’en est évidemment pas encore là. Mais le « passe vaccinal » peut apparaître comme une étape possible. Dépassant le simple cadre de la vaccination, il déborde de facto sur une suspension de la vie sociale, laquelle caractérise quand même l’homme au plan naturel. Naguère, Chesterton a eu ce mot profond : « La poursuite exclusive de la santé conduit toujours à quelque chose de morbide. » Nous y sommes !

Leçons de convertis

À vouloir à tout prix une société de personnes jeunes, en bonne santé, performante, productive et progressiste, on passe à côté de véritables enjeux liés au bien commun : l’avenir de la France et de la civilisation occidentale, la forte présence musulmane, le dépérissement intérieur de l’Église qui, minée par des années de modernisme, doute d’elle-même et de sa mission.

Pourquoi évoquer ces thèmes en ce début d’année ? Tout simplement parce qu’avec notre prochain numéro paraîtra un nouveau hors-série consacré aux conversions de musulmans au christianisme. Une enquête passionnante, qui donne la parole à de nombreux convertis et qui montre l’extraordinaire action de la grâce dans un milieu que l’on imagine impénétrable.

Mais il s’agit aussi d’un hors-série choc, qui bouscule notre tranquillité et secoue notre torpeur. Plusieurs de ces anciens musulmans ont accepté de parler à condition que nous nous réveillions. Ils nous demandent de nous convertir, de nous débarrasser des théologies du dialogue, du communautarisme catholique et de l’entre-soi. D’un même mouvement, ils nous invitent à retrouver notre fierté d’être chrétiens, à annoncer la radicalité de l’Évangile en même temps que la grandeur de la civilisation française et occidentale. Certains d’entre eux, conscients de l’incapacité de la laïcité à juguler le flot islamiste, retrouvent les accents des grands papes et évêques du passé sur l’importance du politique – horresco referens pour nous, modernes catholiques – pour le salut des âmes.

Un aspect est également marquant : plusieurs de ces convertis affirment trouver dans la liturgie catholique traditionnelle cette verticalité, ce respect de Dieu, cette capacité d’adoration qu’ils ne percevaient pas jusqu’ici dans le christianisme. Une réponse indirecte aux terribles restrictions venues de Rome contre cette liturgie et qui entraîne à ce sujet une nouvelle question : devant l’urgence de la conversion des musulmans pouvons-nous simplement nous priver de ce moyen d’évangélisation ?

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