En poursuivant ses catéchèses sur la vieillesse, le Pape commente ce 10 août la promesse du Seigneur à ses Apôtres, et à nous aussi à travers eux, de nous préparer une place au Ciel. Cette promesse est énoncée au chapitre XIV de saint Jean, lors du discours d’adieu. Jésus annonce aux siens son prochain départ. Les Apôtres demeurent consternés, car, a-t-il précisé, là où il va, ils ne pourront venir. Mais Jésus, consolant et réconfortant les siens en leur dévoilant le sens de son départ, leur donne un autre signe : sa présence d’amour demeurera en eux. Mais un long cheminement leur sera nécessaire pour comprendre la portée de cet enseignement. Ils doivent avoir confiance et cesser de se troubler, car Jésus va leur préparer une place dans le Royaume de son Père. Dieu veut grandir en nous. Pour cela, nous devons demeurer en lui. Autrement, nous n’aurons pas de part avec lui.
Dans le chapitre précédent, lorsqu’il annonçait à Pierre sa trahison, Jésus lui avait dit qu’il le suivrait plus tard. C’est une grande leçon pour nous aussi, car le temps que nous devons passer sur terre est marqué par la fragilité. L’enthousiasme de la foi ne suffit pas toujours. Il faut persévérer dans l’épreuve. Avec le Seigneur tout est possible. Mais avons-nous suffisamment la foi ? Sommes-nous capables, comme les saints, de dire à cette montagne : Déplace-toi ? Dieu nous mûrit au cours des ans. Voilà pourquoi les vieux sont si précieux. Ils sont les témoins d’une foi, qui a pu vaciller par moments, mais qui finalement est restée attachée au roc qu’est le Christ. Cette persévérance a permis la maturité dans l’attente. Les vieux sont les témoins de cette longue attente de la rencontre définitive dans la foi et l’espérance. Ils sont les témoins du dernier rendez-vous qu’il ne faut surtout pas rater. L’attente du Seigneur est capitale et une vieillesse qui se consume dans l’avilissement d’occasions manquées à la grâce offerte conduit à l’avilissement de la personne âgée, mais aussi des autres, âgées ou non, dans le mystère de la communion des saints. En paraphrasant Élisabeth Leseur, on peut dire que tout vieux qui s’abaisse abaisse le monde et que tout vieux qui s’élève élève le monde. En effet la vieillesse vécue dans la douce attente du Seigneur avec une grande foi et un grand respect de la vie éternelle dissipe toute équivoque égoïste. Rappelons-nous cependant que dans l’Église le danger de la mondanité nous guette tous et à tout instant.
Comme Pierre, nous devons nous méfier de toute vaine et fatale présomption du genre : cela ne m’arrivera pas ! Les vieux en ce domaine peuvent nous aider. Même si, comme saint Pierre, ils ont peut-être connu ce danger de présomption, ils ont eu le mérite de rester fidèles à la grâce, même si ce fut par pure miséricorde du Seigneur. La vraie miséricorde rend humble. Ici-bas, de même que ceux de l’ancienne alliance faisaient leur noviciat du Verbe, nous faisons notre noviciat d’éternité et il ne faut pas le rater. Nous ne sommes que des pèlerins en marche vers la Jérusalem céleste. Notre vie terrestre n’est pas faite pour se renfermer sur elle-même, visant à une perfection imaginaire car égoïste et non fondée sur Dieu. Le paradis n’est pas sur terre. Il est pour l’au-delà. Nous sommes faits pour le ciel que nous devons gagner, comme le disait sainte Bernadette. La vraie vieillesse, qui débouche sur le face à face avec Dieu, doit devenir une véritable apologie de la foi, de l’espérance et de l’amour. Que Notre Dame de l’Assomption montée au Ciel avec son corps et son âme nous aide à comprendre tout cela.