Saint Vincent de Paul, le prêtre landais et l’évêque savoyard semblent opposés en tout point : naissances, études, parcours… Pourtant, leur amitié fut d’une profonde fécondité. Ces deux âmes se sont unies d’une manière particulière car elles ont embrassé les mêmes souffrances du combat spirituel. La rencontre de Vincent de Paul et de François de Sales, en 1618, eut de tels bons fruits que le père André Dodin se demandait : « Si un jour entre les jours, M. Depaul n’avait pas rencontré Mgr François de Sales, évêque de Genève, serait-il devenu saint Vincent de Paul ? » (1) François de Sales arriva à Paris le 6 novembre 1618 pour négocier le mariage de Victor-Amédée, prince de Piémont, avec Christine de France, sœur de Louis XIII, Monsieur Vincent étant alors absent de la capitale. Ils se rencontrèrent sans doute en décembre et chez les Gondi, où logeait Vincent. L’évêque, âgé de 51 ans, était à quatre ans de sa mort. Le prêtre, 37 ans, allait vivre encore quarante-deux ans. Il avait recommandé en 1617 l’Introduction à la vie dévote (2) aux membres de la Confrérie de la Charité de Châtillon-les-Dombes et, très probablement, avant la rencontre, il avait dû lire le Traité de l’amour de Dieu (3). Si leurs chemins étaient naturellement éloignés, la Providence divine les fit se croiser pour leur bien mutuel. L’un était landais, l’autre savoyard. Vincent était fils de paysans et avait gardé porcs et moutons. François appartenait à l’antique noblesse savoyarde. Vincent de Paul, après une instruction primaire élémentaire, avait obtenu, à l’université de Toulouse, le baccalauréat en théologie ; ordonné le 23 septembre 1600, il n’eut sa licence de droit qu’en 1623. François de Sales avait, lui, bénéficié, durant sa jeunesse, d’études suivies et régulières à Annecy et Paris, avant de devenir docteur en droit de l’université de Padoue en 1591 et d’être ordonné prêtre le 18 décembre 1593. Évêque de Genève en 1602, François de Sales sillonnait inlassablement ce pays de montagnes, catéchisant, prêchant, écrivant, convertissant, bref, exerçant avec un zèle tout surnaturel son sacerdoce. Parti des Landes à 16 ans, Vincent de Paul avait parcouru la France et l’étranger avant d’arriver à Paris à 27 ans soucieux d’une « honnête retirade » (4). Mais Pierre de Bérulle avait détecté en 1610, chez ce jeune prêtre à la recherche de titres et de bénéfices, une nature exceptionnelle et une vocation à la…
Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?
Entretien | La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité.
