La philosophe Simone Weil a souligné l’importance de l’attention, attitude de l’esprit qui se prépare à recevoir ce que Dieu voudra lui envoyer, disposition préalable à l’oraison. Noyés dans l’agitation habituelle de la vie quotidienne et la frénésie de consommation qui s’empare de la société au moment de Noël, n’oublions pas de cultiver la vertu d’attention. La période précédant « les fêtes de fin d’année », comme on dit aujourd’hui dans notre société française postchrétienne, est souvent une épreuve pour celui qui veut vivre réellement le temps de l’Avent. La débauche urbaine de lumignons, le pullulement de publicités pour les parfums, les smartphones et autres gadgets, la pression pour la « grande bouffe », la course aux cadeaux, tout nous oriente vers l’extérieur de notre cœur et la superficie de notre âme. Comment traverser cette période en se rendant attentif à l’essentiel ? Justement en cultivant cette vertu qu’est l’attention. L’attention est une certaine qualité de présence de l’esprit humain à l’être. L’attention relève des facultés de connaissance, les sens et l’intelligence mais aussi l’imagination et la mémoire. Quand on se rend attentif, on s’ouvre intérieurement, c’est-à-dire qu’on aménage en soi un espace intérieur pour accueillir ce qui se présente. L’attention ne relève pas de l’affectivité mais elle en dépend en partie. Comment être réceptif à autrui, aux choses, à soi et a fortiori à Dieu, lorsqu’on est enfermé dans un sentiment de colère, de frustration, de ressentiment qui nous coupe du réel et crée en nous un prisme déformant ? On pourrait objecter que tous ces affects font eux aussi partie du réel, ce qui est vrai puisque la subjectivité est une dimension de l’être. Dès lors, dans la mesure où l’on se rend attentif à ce que l’on ressent, on s’en distancie et on ouvre en soi la possibilité de poser un choix pour s’orienter vers autre chose. La qualité d’attention à soi-même est donc gage de liberté intérieure et elle est nécessaire pour se gouverner. La concupiscence et le démon n’ont de cesse de nous obnubiler, de nous accaparer afin que nous soyons fascinés par tel ou tel objet, tel ou tel projet, réduisant notre champ de conscience et nous empêchant de recevoir ce que Dieu nous donne. L’attention est donc le grand remède contre l’inquiétude du cœur et la dispersion de notre esprit. Pour recevoir, il faut auparavant faire le vide en soi-même. L’exercice de…
Conte | Noël, le quatrième roi mage… (1/3)
Un conte chrétien inédit par Jean-Luc Delle, paru en entier dans le n° 1822.