Deux conceptions de la société engendrent deux conceptions de la punition. C’est la finalité de celle-ci qui diffère suivant les systèmes de pensée. La prison et la peine de mort revêtent alors des significations bien différentes, révélatrices de la référence à la philosophie classique ou à la philosophie moderne. Inspiré de l’émission télévisée Koh-Lanta, un jeu (dont une course de karting) a été organisé à la prison de Fresnes, sous la houlette de l’administration pénitentiaire, en juillet dernier. Il a réuni des prisonniers, des surveillants et des jeunes du quartier… L’émotion politico-médiatique suscitée par la révélation de ce moment de « loisir » (selon le terme même d’un détenu), par le truchement d’une vidéo publique validée par la direction de la communication du ministère de la Justice, a relancé la polémique sur la prison. Mais elle n’a malheureusement pas favorisé une analyse sereine de la finalité de la sanction pénale. Il existe, en effet, deux conceptions diamétralement opposées de la peine qui s’inscrivent dans les deux pensées philosophiques, classique et moderne, de l’ordre social. Pour la première, il existe un ordre cosmologique des choses que les hommes sont amenés, par leurs actes, à entretenir voire embellir, mais dont ils peuvent aussi détruire l’harmonie par leurs démesures. Le pouvoir politique a pour rôle de la restaurer ; il est de nature judiciaire. À l’inverse, pour la seconde, puisqu’il n’existerait pas d’ordre naturel, la sociabilité ne peut être qu’artificielle (le passage de l’hypothétique état de nature à l’état de société se faisant par le truchement d’un contrat social). Dans ces conditions, le pouvoir politique a pour fonction de produire des règles de conduite abstraites devant être appliquées aux cas d’espèce. Selon la formule de Montesquieu, le juge est une bouche qui prononce les paroles de la loi. Le rôle que la peine doit jouer est, évidemment, différent en fonction de ces deux manières d’appréhender l’ordre social. Dans les sociétés classiques, la peine a un objectif de rétribution de l’acte : elle doit être une commutation inverse à celle qu’avait provoquée l’acte devant être puni, celui-ci ayant consisté en une démesure vis-à-vis de l’ordre des choses. La sanction classique était une exigence (juridique) vis-à-vis de la victime (qui mérite réparation) et une nécessité (morale) vis-à-vis du coupable (lui permettre de se racheter en compensant son acte dommageable). Dans ce système de pensée, le fait de risquer une sanction (pour un éventuel criminel) peut,…
Avent, Noël : des termes déchristianisés
C'est logique ! de François-Marie Portes | Malgré la déchristianisation de la société, l'idée de l'Avent comme période d'attente est restée dans les mœurs, mais souvent très dénaturée, le matérialisme remplaçant le spirituel. Un exemple du phénomène de glissement des concepts.