Le 11 février 2013, le pape Benoît XVI annonçait au monde entier sa renonciation à sa charge. Dans les jours qui suivirent, il a continué sa charge de Souverain Pontife, donnant l’exemple de la fidélité jusqu’à son dernier salut, le 17 février. Parcours de ces derniers jours d’un pape.
« Vous savez que cette journée pour moi est différente des jours précédents, je ne suis plus le Souverain Pontife de l’Église catholique. Jusqu’à 20 heures ce soir je le suis encore, mais après je ne le suis plus. Je suis simplement un pèlerin qui entame la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre. » Le 28 février à 18 h, de la loggia du palais de Castel Gandolfo, celui qui est encore le vicaire du Christ pour quelques heures s’adresse une dernière fois aux centaines de fidèles massés devant la résidence papale où le pontife vient d’être déposé en hélicoptère. Les remerciements se déclinent en toutes les langues et fleurissent sur des banderoles de fortune qui s’agitent au pied des fenêtres du Palais. Pendant ce temps, des milliers de messes sont célébrées à travers le monde entier, prières d’action de grâce pour les huit années de pontificat de Benoît XVI, prières de supplication pour le conclave à venir.
La renonciation
Le 11 février 2013, avec le calme qu’on lui connaît, Benoît XVI annonce, en latin, renoncer à sa charge. Un moment historique, un choc pour l’Église comme pour le reste du monde qui, plus encore que d’habitude, a les yeux rivés sur le palais du Vatican. Comme étranger à l’étonnement et l’agitation qui secouent le monde et des médias avides de moments et de phrases chocs, le pontife n’a rien modifié de son emploi du temps, remplit sa charge comme s’il devait la porter encore longtemps. Le photographe italien Alessandro Di Meo, adossé aux colonnes de Saint-Pierre, surveille le ciel qui gronde. Après quarante minutes d’attente sous la pluie, la foudre tombe à 17 h 56 sur le dôme du Vatican, et le photographe l’immortalise. En quelques heures, la photo circule sur Internet, trop belle, trop symbolique pour être vraie. Alessandre Di Meo, pourtant, dément toute manipulation. Il était là au bon moment…
En ce premier dimanche de Carême, le 17 février, le pape préside son avant-dernier Angélus. 11 jours le séparent du départ. Les fidèles sont nombreux, la place Saint-Pierre noire d’une foule émue et reconnaissante. Le maire de Rome lui-même est présent, accompagné de quelques membres de son administration. Le pape de l’Année de la foi, le pape du combat contre le relativisme et le sécularisme, le pape aussi du Synode pour la nouvelle évangélisation invite une fois encore les catholiques du monde entier à tourner leur visage vers le Christ : « Dans les moments décisifs de la vie, mais aussi, à bien y voir, à chaque instant, nous sommes face à un carrefour : est-ce que nous voulons suivre le “moi” ou Dieu ? L’intérêt individuel ou bien le vrai Bien, c’est-à-dire ce qui est réellement bon ? ». Quelques heures plus tard, débutent en la chapelle Redemptoris Mater les traditionnels exercices spirituels du pape et de la Curie. Le Vatican vient d’entrer dans une semaine de silence, toutes les activités du pontife étant interrompues pour la retraite de Carême tandis que le cardinal Gianfranco Ravasi prêche sur le thème du visage de Dieu et du visage de l’homme dans la prière psalmique.
Le dernier motu proprio
Alors que se poursuivent les exercices spirituels, le père Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, annonce le 20 février la probable publication d’un motu proprio qui préciserait certains points du règlement du conclave, l’Ordo Rituum Conclavis. Cinq jours plus tard, Benoît XVI promulgue effectivement le motu proprio Normas nonnullas qui permet aux cardinaux, pourvu qu’ils soient tous réunis à Rome, d’anticiper le début du conclave.
Le soleil brille sur le Vatican le 27 février lorsque, à 10 h 30, le pape apparaît pour sa dernière audience publique, la 348e de son pontificat. Jamais Rome n’aura vu foule aussi nombreuse se presser place Saint-Pierre pour une audience. 30 000 personnes sont attendues, elles sont bien plus, près de 150 000 présentes ce jour-là. Fatigué par le poids des années – Benoît XVI est déjà dans sa 86e année – et la pesanteur d’un pontificat difficile, souriant malgré tout, le pape parle à ses fidèles en plusieurs langues puis traverse la foule dans la papamobile. À plusieurs reprises, il doit interrompre son discours, couvert par les applaudissements et les remerciements qui fusent en italien, en allemand comme en polonais, en français ou en arabe. L’émotion est palpable, et dans les rangs des prélats on aperçoit ici ou là quelques larmes difficiles à retenir.
Jeudi 28 février, Benoît XVI endosse une dernière fois le vêtement pontifical pour rencontrer et saluer personnellement chacun des cardinaux venus à Rome. Les journalistes grouillent dans la ville éternelle mais, à 17 h, sans plus de cérémonie, Benoît XVI embarque dans l’hélicoptère qui doit le mener à Castel Gandolfo. Il y prendra deux mois de repos avant de se retirer dans un monastère sur la colline du Vatican. Dans le silence, c’est par la prière qu’il entend poursuivre sa mission auprès de l’Église.
Il est 20 h. Sa Sainteté Benoît XVI est désormais pape émérite, le siège de Pierre est vacant. La garde suisse lève le camp et s’en va prendre son service auprès du collège cardinalice…
Cet article est extrait de notre hors-série Habemus papam disponible ici (ou en version numérique).