Du 31 janvier au 5 février, le pape François a visité la République démocratique du Congo puis le Soudan du Sud, deux pays en crise où il s’est rendu en « pèlerin de la réconciliation », condamnant fermement les violences, la guerre civile et la corruption, fléaux dont les populations sont les premières victimes. La République Démocratique du Congo (ex-Zaïre), grande comme quatre fois la France, compte quelque 40 millions de catholiques sur 110 millions d’habitants. Si le pays est divisé en 47 diocèses, il ne compte que 6 000 prêtres (diocésains et religieux) et 1 445 paroisses. De très nombreux fidèles, dans des villages isolés, ne reçoivent la visite d’un prêtre qu’une fois par an ; le reste de l’année, la vie religieuse s’organise autour des catéchistes, hommes, femmes ou jeunes gens. Les milliers de catéchistes du pays ont accueilli avec joie le motu proprio Antiquum Ministerium, par lequel le pape François a établi, en mai 2021, le ministère laïc de catéchiste. L’Église apparaît dans le pays comme la seule institution organisée et fiable, malgré ses faiblesses. Elle tente de suppléer, au moins dans certains domaines (l’école, la santé, l’aide d’urgence), les déficiences de l’État et de l’administration, inefficaces et minés par la corruption. Un haut fonctionnaire, cité par La Croix, reconnaît : « Ici, rien ne fonctionne normalement, tout est cassé : les transports, l’administration, la santé, l’économie, la justice, l’école, la sécurité. Rien. Il y a une apparence de vie normale dans les grandes villes, mais ce n’est qu’une apparence. Pour chacun d’entre nous, l’existence est un combat que nous menons du réveil au coucher. » Le pape François, arrivé à Kinshasa au début de l’après-midi du 31 janvier, a d’abord fait une visite de courtoisie au président de la République, Félix Tshisekedi. Cette visite est symptomatique de la situation religieuse du pays. Né dans une famille anciennement catholique (un de ses oncles fut évêque), Félix Tshisekedi s’est converti au pentecôtisme en 2015 et depuis qu’il est président, il favorise les Églises évangéliques dont l’audience ne cesse de progresser dans le pays. « Dieu ne vous a pas oubliés » L’est du pays, notamment les provinces de l’Ituri, du Nord Kivu et du Sud Kivu, connaît depuis des décennies une situation chaotique qui voit s’affronter des mouvements armés, constitués sur des critères ethniques. Ils se disputent les considérables richesses minières du territoire, multipliant les violences…
Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (2/3)
Une volonté farouche de changer de paradigme (2/3) | Tout d’abord, et en amont de l’élection, la volonté farouche de changement de ceux qui ont préparé le règne. En 2007 paraissait un livre très éclairant et remarquablement conçu dans la plus pure tradition de la manipulation de l’opinion. La thèse de ce livre-programme qui devait se révéler prophétique peut se résumer ainsi : l’Église, depuis Constantin et avec pertinacité, s’est éloignée du message évangélique. Ce phénomène s’accentue à partir de la Renaissance quand l’Église s’entête de plus en plus en s’opposant à la modernité. Constatant au XXe siècle que des génocides ont été perpétrés dans des pays chrétiens (Allemagne, Rwanda), il faut en tirer la conclusion que cette manière ancienne d’être chrétien était fausse et qu’il faut refuser les préoccupations dérisoires que sont la connaissance de la foi, le nombre d’entrées au séminaire ou de sacrements célébrés, car tout cela détourne de l’essentiel qui consiste à apporter davantage d’humanité.