Le 40e voyage apostolique du pape François

Publié le 15 Fév 2023

Du 31 janvier au 5 février, le pape François a visité la République démocratique du Congo puis le Soudan du Sud, deux pays en crise où il s’est rendu en « pèlerin de la réconciliation », condamnant fermement les violences, la guerre civile et la corruption, fléaux dont les populations sont les premières victimes.   La République Démocratique du Congo (ex-Zaïre), grande comme quatre fois la France, compte quelque 40 millions de catholiques sur 110 millions d’habitants. Si le pays est divisé en 47 diocèses, il ne compte que 6 000 prêtres (diocésains et religieux) et 1 445 paroisses. De très nombreux fidèles, dans des villages isolés, ne reçoivent la visite d’un prêtre qu’une fois par an ; le reste de l’année, la vie religieuse s’organise autour des catéchistes, hommes, femmes ou jeunes gens. Les milliers de catéchistes du pays ont accueilli avec joie le motu proprio Antiquum Ministerium, par lequel le pape François a établi, en mai 2021, le ministère laïc de catéchiste. L’Église apparaît dans le pays comme la seule institution organisée et fiable, malgré ses faiblesses. Elle tente de suppléer, au moins dans certains domaines (l’école, la santé, l’aide d’urgence), les déficiences de l’État et de l’administration, inefficaces et minés par la corruption. Un haut fonctionnaire, cité par La Croix, reconnaît : « Ici, rien ne fonctionne normalement, tout est cassé : les transports, l’administration, la santé, l’économie, la justice, l’école, la sécurité. Rien. Il y a une apparence de vie normale dans les grandes villes, mais ce n’est qu’une apparence. Pour chacun d’entre nous, l’existence est un combat que nous menons du réveil au coucher. » Le pape François, arrivé à Kinshasa au début de l’après-midi du 31 janvier, a d’abord fait une visite de courtoisie au président de la République, Félix Tshisekedi. Cette visite est symptomatique de la situation religieuse du pays. Né dans une famille anciennement catholique (un de ses oncles fut évêque), Félix Tshisekedi s’est converti au pentecôtisme en 2015 et depuis qu’il est président, il favorise les Églises évangéliques dont l’audience ne cesse de progresser dans le pays. « Dieu ne vous a pas oubliés » L’est du pays, notamment les provinces de l’Ituri, du Nord Kivu et du Sud Kivu, connaît depuis des décennies une situation chaotique qui voit s’affronter des mouvements armés, constitués sur des critères ethniques. Ils se disputent les considérables richesses minières du territoire, multipliant les violences…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Chiron

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneEgliseTribune libre

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (2/3)

Une volonté farouche de changer de paradigme (2/3) | Tout d’abord, et en amont de l’élection, la volonté farouche de changement de ceux qui ont préparé le règne. En 2007 paraissait un livre très éclairant et remarquablement conçu dans la plus pure tradition de la manipulation de l’opinion. La thèse de ce livre-programme qui devait se révéler prophétique peut se résumer ainsi : l’Église, depuis Constantin et avec pertinacité, s’est éloignée du message évangélique. Ce phénomène s’accentue à partir de la Renaissance quand l’Église s’entête de plus en plus en s’opposant à la modernité. Constatant au XXe siècle que des génocides ont été perpétrés dans des pays chrétiens (Allemagne, Rwanda), il faut en tirer la conclusion que cette manière ancienne d’être chrétien était fausse et qu’il faut refuser les préoccupations dérisoires que sont la connaissance de la foi, le nombre d’entrées au séminaire ou de sacrements célébrés, car tout cela détourne de l’essentiel qui consiste à apporter davantage d’humanité.

+

pape François synode
A la uneEgliseTribune libreLectures

Benoît XVI et François : deux lectures du Maître de la Terre de Benson, deux pontificats, deux églises ? (1/3)

Nous nous interrogions en 2019 (1) sur le regard porté par Benoît XVI et François sur ce roman d’anticipation de tout premier rang qu’est Le Maître de la Terre de Benson. Plus personne (plus personne de sain d’esprit en tous cas) ne prétend à présent à la continuité entre les deux pontificats. Leurs ambitions, leurs idées, leurs spiritualités, leurs tempéraments que tout oppose trouveraient dans ce livre un point commun ? Non, décidément nous ne parvenons pas à comprendre. Si les deux pontifes ont recommandé ce livre puissant, les motifs en sont forcément différents. 

+

François maitre de la terre Benson
A la uneEgliseMagistère

La loi naturelle, une herméneutique à contextualiser ?

L'Essentiel de Thibaud Collin | Le récent ouvrage de Mgr Livio Melina, Le discernement dans la vie conjugale, définit la loi morale comme une lumière sur le vrai bien, contre un paradigme, défendu par Karl Rahner et la cardinal Kasper, qui, sous couleur de pastorale et en tordant la notion de discernement, la présente comme inapplicable.

+

LOI NATURELLE Livio Melina
EgliseLiturgie

L’Ascension du Christ est notre propre élévation

L'esprit de la liturgie | Jésus montant au ciel est cause de joie pour les apôtres car, avec lui, la nature humaine est élevé à une dignité plus haute et « la captivité est emmenée captive ». Et leur égarement ne durera pas puisqu’il leur a promis le Consolateur.

+

ascension
A la uneEgliseDoctrine socialeMagistère

Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?

Entretien | La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité. 

+

Dignitas infinita
A la uneEgliseEglise de France

Mobilisation pour le maintien de la Tradition en Finistère : « Nous ne comprenons pas les raisons de cette expulsion »

Entretien avec Joseph, membre de l’organisation de la mobilisation pour le maintien de la tradition dans le Finistère. Deux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre ont été expulsés sans explications. Pour les fidèles, cette situation est à la fois inexplicable et injuste. La Fraternité Saint-Pierre est un institut sacerdotal fondé en 1988 et dont les statuts ont été approuvés par le Pape François en 2022. Ces deux prêtres en sont membres.  

+

tradition Finistère