Quadragesimo anno (IV) : l’Église a-t-elle le droit de s’occuper d’économie ?

Publié le 15 Fév 2023
économie

Il est fréquent de refuser à l’Église le droit de se prononcer en matière économique et sociale en raison de son incompétence en ce qui relève des questions proprement temporelles. Loin de contourner ce problème, Pie XI, après avoir dressé le bilan des fruits de Rerum novarum de Léon XIII, s’attache à préciser l’étendue et la limite de cette intervention de l’Église sur l’économie et la vie sociale. Quelle est la finalité propre de l’Église ? Créée par Jésus-Christ, l’Église a pour mission de nous offrir les moyens de rendre le vrai culte à Dieu et de parvenir à la vie éternelle. Le Catéchisme de l’Église catholique explique à ce sujet : « Il appartient au Fils de réaliser, dans la plénitude des temps, le plan de salut de son Père ; c’est là le motif de sa “mission”. “Le Seigneur Jésus posa le commencement de son Église en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du Règne de Dieu promis dans les Écritures depuis des siècles.” Pour accomplir la volonté du Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la terre. L’Église “est le Règne du Christ déjà mystérieuse­ment présent” » (n. 763). À, ce titre, « l’Église est la fin de toute chose, et les vicissitudes douloureuses elles-mêmes, comme la chute des anges et le péché de l’homme, ne furent permises par Dieu que comme occasion et moyen pour déployer toute la force de son bras, toute la mesure d’amour donner au monde » (n. 760). Dans Quadragesimo anno, Pie XI résume la finalité et la mission de l’Église par ces mots : « c’est à l’éternelle félicité et non pas à une prospérité passagère seulement que l’Église a reçu la mission de conduire l’humanité ; et même “elle ne se reconnaît point le droit de s’immiscer sans raison dans la conduite des affaires temporelles”. » Mais, de ce fait, l’Église a-t-elle à s’occuper des questions économiques, sociales et même politiques ? Le passage relatif aux affaires temporelles, cité par Pie XI dans Quadragesimo anno, renvoie à son encyclique Ubi arcano, par laquelle il a inauguré en quelque sorte son pontificat. Elle avait pour objet « la paix du Christ dans le règne du Christ » et dressait le constat dramatique de l’absence d’une véritable paix malgré la fin de la Première Guerre mondiale. À ce titre, le pape évoquait plusieurs aspects politiques et économiques directement en lien avec cette absence de paix véritable qui n’offrait de ce…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

La Rédaction de Reconstruire

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseThéologie

Benoît XVI et le sens du sacré

Pour la deuxième année, un colloque a été organisé autour de la théologie de Benoît XVI à Altötting, sanctuaire marial bavarois cher à l’ancien pape. Du 2 au 6 juillet dernier, théologiens, clercs et laïcs ont réflechi autour du thème « Le sens du sacré ».

+

benoit xvi
ÉgliseLiturgie

Humilité et charité : deux piliers de la vie chrétienne 

L’Esprit de la liturgie | L’Église nous invite à méditer sur deux vertus essentielles : la charité, illustrée par la parabole du Bon Samaritain, et l’humilité, que le Christ nous enseigne par l’image du dernier invité. Ces vertus apparaissent comme les fondements d’une vie chrétienne tournée vers Dieu et le prochain.

+

samaritain humilité charité
ÉgliseMagistère

Les conciles (4/4) | Lorsque l’Église enseigne : le magistère conciliaire

DOSSIER « Les conciles, des jalons pour comprendre l’histoire de l’Église » | Tout au long de son histoire, l’Église a enseigné avec autorité par le biais des conciles œcuméniques. Ceux-ci définissent la doctrine, organisent la vie ecclésiale et orientent la mission pastorale. Leur rôle reste central pour comprendre la structure du magistère et les enjeux de son exercice aujourd’hui.

+

concile nicée