Carême des orientaux 5/5 : Carême latin, carême byzantin, un même voyage spirituel vers Pâques

Publié le 26 Mar 2023
Carême des orientaux

Commun à toute la Chrétienté, le temps du Carême se célèbre cependant différemment chez les Latins et chez les Byzantins. Panorama des pratiques liturgiques, des prescriptions et des symboles en usage dans les deux cultures. La préparation à la fête de Pâques a commencé semble-t-il par l’observance d’un jeûne les deux jours précédents, Vendredi saint et Samedi saint, qui s’est bientôt étendue à toute la semaine, puis à trois semaines, et dès le IVe siècle est bien installée la structure liturgique du jeûne des « quarante jours ». Le mot « Carême » dérive du latin quadragesima, traduction littérale du grec tessarakosti, « le quarantième » (jour). C’est le pendant, avant Pâques, du « cinquantième » (jour) après Pâques ; la Pentecôte. Quarante jours de jeûne comme le Christ au désert, suivis de quarante jours de gloire avec le Christ ressuscité et dix jours d’attente du Saint-Esprit. L’Église latine dira seulement « le Carême », mais chez les Byzantins c’est « le Grand Carême », car il y a aussi les « carêmes » de préparation à Noël, à la Dormition, à la fête des Apôtres : ceux-là toutefois sont appelés « jeûnes » parce qu’ils durent beaucoup moins de quarante jours. Les Slaves appellent le Carême « le Grand Jeûne » : Veliki Post. Mais les Grecs disent aussi « premier dimanche des jeûnes », etc. On considéra bientôt qu’il était nécessaire de se préparer à l’épreuve de ce grand jeûne. Dans l’Orient byzantin comme dans l’Occident latin, on institua trois dimanches de préparation. Chez les Byzantins, le dimanche du Pharisien et du Publicain, le dimanche du Fils prodigue (qui est aussi celui du « Carnaval », début de l’abstinence de viande), et le dimanche du Pardon (qui est aussi celui de la « tyrophagie », début de l’abstinence de tous les aliments à base de lait). Le dimanche du Pharisien et du Publicain (ces dénominations sont en rapport avec l’évangile du jour) inaugure ce qu’on appelle le Triode, qui se terminera le Samedi saint (le mot « triode » vient de ce qu’il y a trois odes aux matines, contre huit habituellement.) Dans le rite romain, ce furent la Septuagésime, la Sexagésime et la Quinquagésime, qui existaient déjà du temps du pape saint Grégoire le Grand (540-604) puisqu’il en parle dans ses homélies. Mais saint Grégoire parle du Carême comme d’une dîme de l’année, donc 36 jours de jeûne. C’est après lui que l’on ajoutera quatre jours pour obtenir les 40 jours dont parle l’évangile du premier dimanche de Carême (Jésus au désert), et ainsi la sainte…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Yves Daoudal

Ce contenu pourrait vous intéresser

EgliseLettre Reconstruire

Les papes et le principe de subsidiarité (V)

« Question de Principe » | Comment évoquer le principe de subsidiarité dans l’enseignement pontifical sans parler du magistère de Jean-Paul II sur la question ? Auteur de trois encycliques sociales, il est aussi à l’origine du Compendium de la doctrine sociale de l’Église. Paru dans la Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024).

+

principe de subsidiarité
EgliseSynode sur la synodalité

La synodalité dans la tourmente

Le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques depuis 2019, se confiait le mois dernier sur le synode et les intentions du Pape pour ce dernier. Il s'est notamment exprimé sur les couples homosexuels et le diaconat féminin, rappelant l'attachement du pape François à la théologie du peuple.

+

synod
A la uneEgliseLiturgie

Pour la liberté entière de la liturgie traditionnelle, en vue du redressement de l’Église

Jean-Pierre Maugendre, Directeur général de Renaissance catholique, propose une campagne internationale pour la liberté entière de la liturgie traditionnelle. Malgré la déchristianisation croissante de la société et la crise de l'Église, il rappelle que celle-ci peut renaître par le biais de la liturgie traditionnelle, dont la sûreté doctrinale et la transcendance ont sanctifié ceux qui nous ont précédés pendant des siècles, et contribuent encore à de nombreuses conversions. À condition de lui redonner une liberté pleine et entière, et non pas seulement une tolérance restrictive. 

+

liturgie traditionnelle