La nuit du Samedi s’achève. C’est le jour où Dieu est caché. Marie-Madeleine, et Marie mère de Jacques, et Salomé, ont acheté des parfums pour venir, à la fin du Sabbat, embaumer Jésus. Et voilà qu’elles arrivent au sépulcre, le soleil étant déjà levé. En route, elles s’étaient demandé qui pourrait bien ôter la pierre de devant le sépulcre.
Elles avaient en grande partie perdu l’espérance, leur cœur étant déchiré par la douleur de ce qui venait de se passer. Pourtant, elles étaient plus confiantes que les disciples d’Emmaüs, sinon elles n’auraient pas pris la route du sépulcre. Le cœur déchiré, elles avancent, sans le savoir mais sans éteindre non plus la petite mèche qui brûle encore, vers une toute autre destinée.
Nous devons réfléchir nous aussi sur l’attitude des femmes, et de tous ceux qui ont cru sur le moment que tout était perdu avec la mort de Jésus. L’histoire d’Israël avait déjà connu un pareil dénouement avec l’exil en Babylone. Le Livre des Lamentations nous montre qu’à vue humaine tout semblait perdu tant la ruine était totale : abandon de la terre, fin de la lignée davidique et destruction du Temple ! Israël ne possédait plus rien.
Mais cette ruine n’était qu’une conséquence du refus de l’Alliance. C’est pourquoi l’Église lit les Lamentations à l’office des ténèbres les Jours saints. Pourtant, dans une bouleversante et intransigeante fidélité de Dieu, allait apparaître son immense miséricorde qui allait rallumer le petit point rouge de la mèche presque éteinte de l’espérance du peuple élu.
En fin de compte, la longue épreuve se terminera à la gloire de Dieu. Ce grave événement que fut l’Exil nous montre en définitive l’immensité de la miséricorde divine qui tire toujours le bien du mal.
Souvenons-nous toujours de cela quand notre marche vers l’éternel bonheur apparaît finie pour toujours. En face de combien de tombes apparemment scellées, nous nous trouvons souvent ? Le diable voudrait profiter de tels événements pour nous faire tomber dans le désespoir et ne plus croire à la miséricorde divine, bonne éventuellement pour les autres et non pour nous.
Que de fois, ne disons-nous pas : Tout est perdu ; il n’y a plus rien à faire. Rongés par le chagrin, les deuils et toutes nos angoisses, assaillis de toute part, nous sommes prêts à renoncer, avec un goût amer de lassitude qui n’étanchera jamais notre soif de l’absolu. Songeons alors à l’abandon que connut Jésus lors de sa Passion. Humblement réfugiés dans la prière et l’adoration, ne faisons aucun calcul sur l’avenir. Faisons crédit à Dieu, qui sait mieux que nous ce dont nous avons besoin.
La règle d’or est toujours la même : confier le passé à la miséricorde divine, le futur à la divine Providence, l’instant présent à la fidélité à la grâce qui nous permettra de surmonter avec foi, espérance et charité les épreuves du “terrible quotidien”, pour reprendre une expression de Pie XI. A chaque jour suffit sa peine et demain se suffira toujours à lui-même.
Suivons l’exemple des saintes femmes qui ne sont pas restées devant le tombeau vide, mais sont allées annoncer la joie pascale aux Apôtres. Apportons à tous la grande nouvelle qui bouleverse et bouleversera toujours le monde : Le Christ est ressuscité.
Retournons à toutes les périphéries de notre Galilée du monde contemporain. Et elles sont nombreuses. Que Marie nous fasse comprendre que retourner en Galilée, c’est revenir à la grâce originelle. C’est aussi, avec Marie qui conservait toutes choses dans son cœur, retrouver la mémoire régénérée par l’espérance.
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