Démographie européenne : Le natalisme est-il la réponse face au malthusianisme ? (4/4)

Publié le 06 Mai 2023
Le natalisme est-il la réponse face au malthusianisme ?

Depuis les années 1960, les papes s’opposent au malthusianisme et prêchent pour la fécondité en même temps que pour le développement humain. Mais à quel titre et au nom de quels principes ? Rappel des fondements d’une politique familiale chrétienne.   «Soyez féconds et multipliez-vous» (Gn 1, 28) : le commandement divin, premier de tous dans la Genèse, semble résumer la politique familiale de l’Église, et la place en opposition à toutes les tentatives contemporaines de maîtriser la démographie. À l’explosion supposée de la « bombe P » des années 1960 (1), le pape Paul VI répondit ainsi par une courageuse lettre réaffirmant les principes naturels et catholiques en matière de maîtrise de la sexualité et de contraception (2). L’encyclique de François, Laudato Si’, rappelait encore dernièrement que «la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire» (3). La position catholique en matière de politique familiale semble bien singulière. Mais est-ce seulement à l’Église de donner un avis en la matière ? Sur quoi se fonde-t-elle, et quelles sont ses préconisations ?  

Du bien-fondé d’une politique familiale catholique 

Une politique familiale recouvre l’ensemble des mesures prises par l’État et ses organes pour aider les familles à élever leurs enfants. Si l’on en reste à cette notion, on voit mal ce que l’Église aurait à redire en matière de politique familiale, domaine où les pontifes et le magistère multiplient pourtant les interventions. C’est d’abord que la vision catholique de la famille va bien au-delà de l’aspect financier des aides et subventions. La position de l’Église s’inscrit dans le cadre plus large de la question démographique et même du développement de l’homme dans son intégralité. Si le magistère est intervenu à plusieurs reprises, c’est que les solutions proposées par les experts, les États et les institutions internationales lui ont semblé contraires à la morale naturelle. Dénonçant la focalisation à outrance sur la fécondité et la natalité, les papes ont constamment rappelé que la politique familiale ne pouvait se concevoir indépendamment de la recherche du développement humain intégral (4). Revenons aux fondements : si l’Église peut parler sur la famille, c’est qu’elle est une famille, divine, fondée et guidée par un Père aimant, bienveillant et omnipotent. C’est donc en toute confiance que l’Église s’en remet aux orientations de la loi naturelle et divine. La Bible est elle-même la grande histoire de cette famille, dont la vocation est d’intégrer tous les foyers…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Abbé Paul Roy

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéBioéthiqueDoctrine sociale

La dimension « politique » de la défense de la loi naturelle

L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile. Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ?

+

loi naturelle
SociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe