On a attribué la mélodie de cet alléluia à Robert II le Pieux, roi de France de 996 à 1031. Difficile d’imaginer aujourd’hui le chef de l’État se mettant à l’écoute de l’inspiration grégorienne… En tout cas, cette mélodie est une pure merveille. En elle passe toute l’ardeur aimante de la prière de demande exprimée dans le verset. L’intonation monte d’abord doucement par degrés conjoints puis redescend de même en se chargeant de l’humilité qui permet les plus audacieuses requêtes. Ensuite, un intervalle de quarte soulève une première fois l’espérance de l’âme, mais à nouveau la mélodie redescend sur le ré, note structurante, comme pour aviver encore l’intensité du désir.
Le crescendo progressif de la descente enflamme le cœur et c’est dans la ferveur de cet élan que la quinte ardente est franchie et même dépassée avec le si bémol qui apporte sa nuance de tendresse en préludant à la douce et large retombée vers le ré final. La puissance amoureuse de ces quelques neumes de louange a pour effet de jeter le chœur à genoux et c’est dans cette humble posture qu’il va exprimer sa demande d’embrasement : « Venez, Esprit Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles et allumez en eux le feu de votre amour. » Toute cette pièce mérite d’être chantée avec un legato absolu et dans un tempo large et chaleureux. La séquence Veni Sancte Spiritus qui suit immédiatement l’alléluia en reprend les premières notes et déploie magnifiquement le thème mélodique de cette pièce féconde.
Nous vous proposons trois interprétations de cette mélodie. Pour entendre ces Alleluia : celui du choeur Saint-Michel, celui d’une chorale polonaise, celui des moines de Triors.
Ce billet est extrait du dernier numéro de L’Homme Nouveau que vous pouvez commander à nos bureaux (10 rue Rosenwald, 75015 Paris. Tél. : 01 53 68 99 77, au prix de 4 euros), ou télécharger directement sur ce site en cliquant sur le lien ci-dessous.